resister. Montreal fut rase, le tyran chasse; et comme il
n'avait point d'enfans, le mal fut extirpe.
Queribus, chateau situe en Languedoc, etait le receptacle d'une infinite
de scelerats qui ravageaient la province, et semblaient braver toute
justice et toute autorite. Louis, sur les plaintes qu'il en recut,
envoya des ordres pressans au senechal de Carcassonne, de monter
promptement a cheval pour exterminer la place et les malfaiteurs
auxquels elle servait de retraite. Pierre d'Auteuil, c'etait le nom du
senechal, fit sommer les prelats de la province de venir le joindre,
ou du moins de lui donner du secours pour cette expedition. Ceux-ci
pretendirent qu'ils n'etaient pas obliges de suivre le roi ni son
ministre; mais que, par consideration plutot que par devoir, ils
voulaient bien lui envoyer quelques troupes. Cette reserve deplut a la
cour, qui fit examiner ces immunites pretendues. Il y a toute apparence
que ces prelats fournirent les troupes qu'on leur demandait: car la
forteresse fut emportee et detruite; ceux qui la defendaient furent
punis comme ils le meritaient, et la tranquillite fut retablie dans le
Languedoc.
Le comte d'Anjou, frere du roi, avait un proces contre un simple
gentilhomme de ses vassaux, pour la possession d'un certain chateau. Les
officiers le jugerent en faveur du prince. Le chevalier en appela a la
cour du roi. Le comte, pique de la hardiesse du gentilhomme, le fit
mettre en prison. Le roi en fut averti, et manda sur-le-champ a son
frere de venir le trouver. _Croyez-vous_, lui dit-il avec un visage
severe, _qu'il doive y avoir plus d'un souverain en France, ou que vous
soyez au-dessus des lois, parce que vous etes mon frere?_ En meme temps
il lui ordonne de rendre la liberte a ce malheureux vassal, pour pouvoir
defendre son droit devant la cour du roi. Le comte obeit. Il ne restait
plus qu'a instruire l'affaire; mais le gentilhomme ne trouvait ni
procureurs, ni avocats, tant on redoutait le caractere violent du comte
d'Anjou. Louis eut encore la bonte de lui en nommer d'office, et les fit
jurer qu'ils conseilleraient le gentilhomme fidelement. La question fut
scrupuleusement examinee, le chevalier fut reintegre dans ses biens, et
le frere du roi perdit son proces.
_Jugement d'Enguerrand de Coucy_.
Mais de tous ces exemples d'une justice inflexible et severe, le plus
frappant est celui qui fut fait sur Enguerrand de Coucy, fils de ce
fameux Enguerrand qui s'etait flatte de la couronn
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