rcesseurs. Le coupable,
interroge par le roi meme, et presque convaincu, ne vit d'autre moyen
d'eviter sa condamnation, que de demander de pouvoir prendre conseil
de ses parens: ce qui lui fut accorde. Alors, ce qui prouve bien et la
noblesse de sa maison, et la grandeur de ses alliances, tous les barons
se leverent et sortirent avec lui. Le monarque demeura seul avec son
conseil.
Quelque temps apres ils rentrerent, ayant Coucy a leur tete. Ce seigneur
nia le fait, offrit de s'en justifier par le duel, et protesta contre la
voie d'information, qui, suivant les lois du royaume, ne pouvait avoir
lieu a l'egard des barons, quand il s'agissait de leurs personnes ou de
leur honneur. L'information etait en effet une procedure peu commune
alors, surtout vis-a-vis de la noblesse; mais Louis cherchait a
l'etablir, pour pouvoir abolir insensiblement celle du combat, qui lui
semblait, a juste titre, un monstrueux brigandage.
Il repondit que "la preuve du duel n'etoit point recevable a l'egard
des eglises et des personnes sans appui qui seroient toujours dans
l'oppression et sans esperance d'obtenir justice, faute de trouver des
champions pour combattre les grands seigneurs." Le comte de Bretagne
voulut insister. "Vous n'avez pas toujours pense de meme, lui dit Louis,
avec cet air de majeste qui lui etait si naturel; vous devriez vous
souvenir qu'etant accuse devant moi par vos barons, vous me demandates
que la preuve se fit par enquete, le combat n'etant pas une voie de
droit."
Cette fermete fit trembler pour le malheureux Enguerrand; personne n'osa
repliquer: on ne s'occupa plus que du soin de flechir son juge par
toutes sortes de soumissions.
Louis cependant paraissait inexorable. Convaincu que la justice doit
etre la premiere vertu des rois, il semblait oublier la qualite du
criminel, pour ne penser qu'a l'enormite de son crime. Plein de cette
idee, il ordonne aux barons de reprendre leurs places, et de donner leur
avis. Alors il se fait un profond silence: aucun ne veut opiner; mais
tous se jettent aux pieds du monarque pour lui demander grace. Coucy
lui-meme, prosterne a ses genoux, et fondant en larmes, implore sa
misericorde.
On peut juger de l'effet que fit une scene si touchante sur un coeur
comme le sien, et sur une aussi noble assemblee: il insistait neanmoins
encore sur la necessite de punir severement une action si barbare. Mais
enfin, n'esperant plus obtenir le consentement de ses barons, ne croyant
pas d
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