y acquit une
grande reputation de liberalite. Le roi l'accompagna pendant la premiere
journee de chemin; et, apres avoir renouvele les temoignages d'amitie
qu'ils s'etaient donnes tant de fois l'un a l'autre, Henri continua
sa route vers Boulogne. Apres y avoir attendu quelques jours le temps
favorable, il s'embarqua, arriva heureusement en Angleterre; et,
quelque temps apres, il se fit une prolongation de treve entre les deux
couronnes.
Ce fut dans le meme esprit de paix que l'annee suivante le roi
reconcilia le comte d'Anjou avec sa belle-mere, Beatrix, comtesse de
Provence. Ils s'etaient brouilles au sujet de quelques forteresses
de Provence que la comtesse retenait, et que le comte pretendait lui
appartenir: on en etait deja venu aux hostilites. La comtesse avait
eu recours au pape, qui avait nomme l'eveque du Belley pour juge du
different. Mais les deux parties s'en rapporterent au roi; et ce prince,
pour finir ce proces, ordonna au comte d'Anjou, son frere, d'acheter ces
places, et lui fournit l'argent pour en faire le payement.
_Les troubles continuent en Italie et en Allemagne_.
Pendant ce meme temps, l'Italie et l'Allemagne etaient dans la plus
grande agitation par les guerres qui regnaient entre le pape et les
successeurs de l'empereur Frederic II, dans le detail desquelles je
n'entrerai pas. Je dirai seulement que Louis, toujours le meme, au
milieu de tant de scandales causes par l'ambition de ceux qui y etaient
interesses, ne voulut point prendre de parti. Si son respect pour le
Saint-Siege l'empechait d'eclater contre tant d'exces, son amour pour la
justice ne lui permettait pas de les favoriser, ni meme de paraitre
les approuver. Il detournait les yeux de ces tristes objets pour ne
s'occuper qu'a maintenir son royaume en paix, et a le purger des
brigands qui l'infestaient.
Un gentilhomme, nomme Anseric, seigneur de Montreal, exercait toutes
sortes de violences en Bourgogne. Le roi, suivant les maximes du
gouvernement feodal, ne pouvait en faire justice par lui-meme. Il en
ecrivit fortement au duc de Bourgogne, dont le coupable relevait. Mais
ce prince, trop indulgent pour un scelerat qui lui appartenait, se
contenta de quelques remontrances qui ne remedierent a rien. Le
monarque, indigne d'une si lache condescendance, depecha au duc deux de
ses officiers, Dreux de Montigny et Jean de Cambray, pour lui porter les
ordres les plus severes d'assieger Anseric jusque dans sa retraite: le
duc n'osa plus
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