puissant et plus glorieux
que celui qui etait du a sa naissance.
La navigation fut longue et fatigante. Le roi, qui trouvait le moyen de
rapporter tout a Dieu, ne se lassait point de faire admirer a Joinville
la grandeur de l'Etre-Supreme, et le neant de ce qui parait le plus
grand parmi les hommes. "Regardez, senechal, lui disait-il, si Dieu ne
nous a pas bien montre son grand pouvoir, quand, par un seul des quatre
vents de mer, le roi, la reine, ses enfans, et tant d'autres
personnes ont pense perir. Ces dangers que nous avons courus sont des
avertissemens et des menaces de celui qui peut dire: Or, voyez-vous bien
que je vous eusse laisse noyer, si j'eusse voulu?"
_Il arrive aux iles d'Hieres_.
Enfin le dixieme de juillet, la flotte arriva aux iles d'Hieres, en
Provence. Le monarque d'abord n'y voulait pas descendre, parce que ce
n'etait pas terre de son obeissance; mais, au bout de deux jours, touche
des prieres de la reine, des remontrances de Joinville et des larmes de
tout l'equipage qui etait fatigue de la mer, il se fit mettre a terre.
Le mauvais etat de sa sante acheva peut-etre de l'y determiner: il etait
si faible et si abattu, que le senechal fut oblige de le prendre entre
ses bras pour le tirer du vaisseau. Apres quelques jours de repos, des
que les equipages furent arrives, il partit du chateau d'Hieres pour se
rendre a Paris.
_Retour du roi en France_.
La nouvelle du depart de saint Louis de la Palestine pour revenir en
France, y avait repandu une allegresse universelle. Tous les peuples
etaient dans la plus grande impatience de le revoir. Cependant
l'esperance qu'ils en avaient etaient fort moderee par la crainte des
dangers qu'il pouvait courir sur un element aussi sujet aux tempetes et
aux naufrages. Il y avait pres de trois mois que ce prince etait parti
da port de St-Jean-d'Acre, lorsqu'il debarqua, comme je l'ai dit, le
10 juillet, aux iles d'Hieres. S'etant mis en chemin pour se rendre a
Paris, il trouva sur sa route une affluence prodigieuse de peuple, qui
venait lui temoigner par les plus vives acclamations la satisfaction
qu'il avait de revoir son prince. Il arriva enfin a Vincennes dans les
premiers jours d'aout. Paris se preparait a recevoir avec toute la
solennite possible, un monarque si digne de son respect et de son amour:
Louis cependant, avant d'en etre le temoin, alla, pour satisfaire aux
mouvemens de sa piete, rendre graces a Dieu en l'eglise de Saint-Denis,
ou il laissa de
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