lace; qu'ils insulteraient de ce
cote-la; que les chevaliers de l'Hopital feraient l'attaque par la
droite, et qu'un autre corps, a qui l'histoire donne le nom de Terriers,
donnerait l'assaut par la gauche, et les chevaliers du Temple du cote de
la plaine.
Chacun s'avanca vers son poste. Le chemin par ou il fallait que les
gendarmes du roi marchassent etait si difficile que les chevaliers
furent obliges de quitter leurs chevaux. En montant, ils decouvrirent un
corps de cavaliers ennemis sur le haut de la colline, qui parut d'abord
les attendre de pied ferme; mais, etonnes de la resolution avec laquelle
on venait a eux, ils s'enfuirent et se retirerent vers le chateau. Cette
fuite fit perdre coeur aux habitans de la place; et, quoiqu'il fallut
forcer trois murailles de ce cote-la pour y entrer, ils l'abandonnerent
et se sauverent dans la montagne. On obtenait par cette fuite, sans coup
ferir, tout ce que l'on pretendait: car on n'avait point ordre d'aller
attaquer le chateau. Les chevaliers teutoniques, qui etaient avec les
gendarmes du roi, voyant que tout fuyait devant eux, se detacherent
malgre Joinville, pour aller aux ennemis qui s'etaient rallies devant le
chateau. On n'y pouvait arriver que par des sentiers fort longs et fort
etroits, pratiques alentour du rocher. Ils ne s'apercurent de
leur temerite que quand ils furent engages dans ces defiles. Ils
s'arreterent, prirent le parti de retourner sur leurs pas et de
hater leur retraite. Alors les ennemis les voyant se retirer avec
precipitation et en desordre, descendirent de cheval; et, les coupant
par des routes qui leur etaient connues, vinrent les charger, et en
assommerent plusieurs a coups de massue, les serrant de fort pres
jusqu'au lieu ou etait Joinville.
Peu s'en fallut que cette deroute des chevaliers teutoniques ne causat
celle des gendarmes du roi, qui deja pensaient a fuir. Mais Joinville
les arreta, en les menacant de les faire tous casser par le roi.
Quelques-uns lui dirent qu'il en parlait bien a son aise; qu'il etait a
cheval, et qu'eux etant a pied, ils demeureraient exposes a la fureur
des ennemis, tandis qu'il lui serait aise de se sauver. Joinville,
pour leur oter ce pretexte de fuite, quitta son cheval, et l'envoya au
quartier des chevaliers du Temple. Il soutint bravement l'effort des
infideles pendant assez de temps; mais il aurait ete accable par le
nombre, si l'on n'eut pas ete annoncer au brave Ollivier de Termes que
Joinville avait et
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