, de la
maladie qui la mit an tombeau. Elle se fit transporter a Paris, ou
elle recut les derniers sacremens de l'Eglise par le ministere de son
confesseur Renaud de Corbeil, eveque de cette capitale, et l'un des
chefs du conseil d'etat; ensuite, elle manda l'abbesse de Maubuisson,
monastere de l'ordre de Citeaux, qu'elle avait fonde pres de Pontoise,
la conjura, au nom de leur ancienne amitie, de lui donner l'habit de son
ordre, et fit profession entre ses mains, avec de grands sentimens de
devotion et d'humilite. On la transporta ensuite sur un lit de paille,
couvert d'une simple serge, ou elle expira le 1er decembre 1252.
On lui mit aussitot le manteau royal sur son habit de religieuse, et la
couronne d'or sur la tete. En cet etat, elle fut portee par les plus
grands seigneurs du royaume sur une espece de trone richement orne,
depuis le palais jusqu'a la porte Saint-Denis; de la, elle fut conduite
au monastere de Maubuisson, ou elle avait choisi sa sepulture.
Tout le royaume ressentit vivement cette perte. C'etait la plus grande
reine qui eut encore paru sur le trone francais. Femme d'un courage,
d'une prudence et d'une elevation de genie au-dessus de son sexe;
princesse nee pour faire en meme temps l'ornement et la felicite du
monde. C'est le langage de tous les auteurs de son siecle; sans aucun
autre reproche enfin, qu'un peu trop de hauteur dans sa premiere
regence, si toutefois on doit appeler hauteur, la fermete avec laquelle
elle se conduisit envers des vassaux indociles, qui ne cherchaient,
comme je l'ai rapporte dans le commencement de cet ouvrage, qu'a
profiter des brouilleries qu'ils voulaient exciter dans l'etat; jaloux
d'ailleurs de son merite et de son autorite.
J'ajouterai encore a l'eloge de cette princesse, ce qu'en dit le pere
Daniel[1]. L'histoire nous fournit peu de personnes de son sexe qui
l'aient egalee dans la piete, la vertu, la prudence, et l'habilete pour
le gouvernement. Un esprit droit et ferme, un courage male a l'epreuve
des evenemens les plus facheux et les plus imprevus, faisaient son
principal caractere. C'est surtout cette fermete, soutenue de beaucoup
d'application, qui demontre la sagesse de son administration. Ces
qualites, jointes a beaucoup d'adresse, a un air insinuant, aux charmes
et aux graces dont la nature l'avait abondamment pourvue, lui donnerent
une grande autorite, et elle en fit toujours un tres-bon usage pour le
bonheur des peuples qui la comblerent de benedictio
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