[Note 2: L'_Histoire de saint Louis_, dont nous donnons une nouvelle
edition, a ete impr. pour la premiere fois en 1775.]
_Saint Louis apprend la mort de la reine sa mere. Sa resignation aux
ordres de la Providence_.
On depecha au roi pour lui porter la triste nouvelle de cette mort. Il
l'apprit a Sajette, et selon d'autres, a Jaffe, par le legat a qui
les lettres avaient ete adressees. Pour la lui annoncer, il se fit
accompagner par l'archeveque de Tyr, et par Geoffroy de Beaulieu,
dominicain, confesseur de ce prince. Leur contenance triste lui faisant
conjecturer qu'ils avaient quelque chose de facheux a lui apprendre,
il les fit entrer seuls avec lui dans sa chapelle. Alors le legat lui
exposa les grandes obligations qu'il avait a Dieu depuis son enfance,
surtout de lui avoir donne une mere si sage, qui l'avait eleve si
pieusement, et qui avait gouverne son royaume avec tant de zele et de
prudence. Helas! sire, ajouta-t-il, avec des sanglots et des pleurs,
elle n'est plus, cette illustre reine, la mort vient de nous l'enlever!
On ne peut exprimer les sentimens de tristesse dont le coeur de ce
tendre fils fut penetre. Le premier mouvement de sa douleur lui fit
jeter un grand cri et verser un torrent de larmes; mais, revenu a lui
dans le meme instant, il se jeta a genoux devant l'autel, et dit en
joignant les mains: "Je vous rends graces, o mon Dieu, de m'avoir
conserve jusqu'ici une mere si digne de mon affection. C'etait un
present de votre misericorde; vous le reprenez comme votre bien: je n'ai
point a m'en plaindre. Il est vrai que je l'aimais tendrement; mais
puisqu'il vous plait de me l'oter, que votre nom soit beni dans tous
les siecles." Ayant fait devant le crucifix cet acte de soumission aux
ordres de Dieu, il congedia le legat et l'archeveque de Tyr; et, apres
avoir encore eu a ce sujet quelque entretien avec son confesseur, ils
commencerent ensemble l'office des morts pour le repos de l'ame de la
reine. Il le recita avec beaucoup d'attention; et le meme confesseur
remarque comme une chose admirable, que, malgre la situation ou le
trouble et la douleur avaient mis son coeur et son esprit, il ne se
meprit jamais dans un seul verset ni en aucun endroit de tout l'office.
Il continua non-seulement toute l'annee de donner ces marques
chretiennes de tendresse pour sa mere, mais encore toute sa vie; il ne
manqua jamais de faire dire tous les jours, en sa presence, une messe
des morts pour elle, excepte les di
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