es, on leur demandait s'ils voulaient renoncer
Jesus-Christ: ceux qui repondaient que non avaient la tete tranchee dans
le moment; ceux qui renoncaient etaient mis a part.
Joinville et les autres seigneurs furent mis dans un quartier de reserve
que les infideles faisaient exactement garder, et le roi dans une tente,
entouree pareillement d'une forte garde. Le dessein du soudan, en les
faisant ainsi separer, etait de traiter en meme temps avec le roi, d'une
part, et de l'autre avec les seigneurs.
Almoadan leur envoya un de ses emirs, avec un truchement qui leur
demanda s'ils voulaient traiter de leur delivrance, et leur dit de
choisir quelqu'un d'entre eux pour convenir de leur rancon. Ils
choisirent le comte Pierre de Bretagne, auquel on proposa d'abord de
remettre entre les mains du soudan quelques-unes des forteresses que les
chretiens tenaient encore dans la Palestine. Le comte repondit que la
chose n'etait pas en leur disposition, mais en celle de l'empereur
Frederic, comme roi de Jerusalem, et que ce prince n'y consentirait pas.
On lui proposa en second lieu de rendre au soudan quelques places qui
dependaient des chevaliers du Temple, ou de ceux de l'Hopital. Le
comte repondit que cela etait impossible, parce que ceux a qui l'on en
confiait la garde faisaient un serment particulier, en y entrant, de ne
rendre aucunes places pour sauver la vie a qui que ce fut. L'officier
mahometan repondit en colere, qu'il voyait bien qu'ils ne voulaient pas
etre delivres, et que bientot ils seraient traites comme ils venaient
d'en voir traiter tant d'autres; et ensuite il congedia le comte de
Bretagne et les envoyes qui l'avaient accompagne.
On leur en donna la peur toute entiere: un moment apres ils virent
venir vers eux un grand nombre de jeunes soldats, ayant a leur tete un
vieillard musulman qui paraissait un homme de distinction; il leur fit
demander par un truchement s'il etait vrai qu'ils crussent en un seul
Dieu, qui fut ne, crucifie et mort pour eux, et ensuite ressuscite. Ils
repondirent tous avec fermete qu'ils le croyaient; mais la repartie
qu'il leur fit les surprit beaucoup. "Si cela est, leur repondit-il, ne
vous decouragez point dans l'etat malheureux ou vous vous trouvez: vous
souffrez, mais vous n'etes pas encore morts pour lui comme il est mort
pour vous; et, s'il est ressuscite lui-meme, il aura le pouvoir de vous
delivrer bientot de votre captivite." Apres avoir parle de la sorte, il
se retira. Comme on n
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