propos; que les malades et ceux dont la
presence etoit encore necessaire a Damiette, y seroient en surete tout
le temps qu'ils seroient forces d'y demeurer; qu'ils pourroient se
retirer par mer ou par terre, selon leur volonte, et que le soudan
seroit oblige de donner des sauf-conduits a ceux qui prendroient cette
derniere voie pour se rendre en quelque place de la domination des
chretiens."
Les choses etant ainsi reglees, il n'etait plus question que de se
disposer a l'accomplissement du traite. Le soudan fit amener le roi dans
un lieu de plaisance, nomme Pharescour, situe sur le bord du Nil, ou
il avait fait batir un palais assez vaste, mais construit de bois
seulement, couvert de toiles peintes de diverses couleurs. Ce fut la que
les deux princes se virent et confererent ensemble dans une tente qu'on
avait preparee expres. On ignore les particularites de leur entrevue;
tout ce qu'on sait, c'est que le traite y fut ratifie, et qu'on fit de
part et d'autre les sermens convenus. Il n'etait plus question que de se
disposer au depart et a l'evacuation de Damiette. On fit monter le roi
avec les principaux seigneurs de son armee sur quatre vaisseaux, pour
descendre la riviere vers cette ville; mais un evenement imprevu jeta le
roi en de plus grands embarras et de plus grands dangers que jamais: ce
fut la mort d'Almoadan, contre lequel les Mamelucks avaient fait une
conspiration qui eclata sur ces entrefaites, et dont voici les causes et
les suites.
_Almoadan est assassine par les Mamelucks_.
Ces Mamelucks etaient une espece de milice a peu pres semblable a celle
des janissaires d'aujourd'hui, excepte qu'elle combattait d'ordinaire a
cheval. Malech-Sala, pere du nouveau soudan, l'avait formee. Elle etait
composee de soldats qui, des leur enfance, avaient ete achetes, soit en
Europe, soit en Asie, par les ordres du soudan: ainsi, ne connaissant ni
leurs peres, ni leurs meres, ni souvent meme leur pays, ils ne pouvaient
avoir d'attachement que pour le prince et pour son service. Il les
faisait elever dans tous les exercices militaires, et les traitait comme
un regiment de ses gardes, qu'il distinguait beaucoup de ses autres
troupes: c'etait parmi eux qu'il choisissait ceux qui avaient le plus de
merite et de talent, pour en faire ses emirs, et les autres officiers de
ses armees.
Ce corps etait fort nombreux et fort brave. Il devint redoutable au
soudan meme qui, sur le moindre soupcon, faisait couper la tete aux
comm
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