andans, et confisquait leurs biens a son profit.
Almoadan, fils de Malech-Sala, suivit a contre-temps, et sans doute avec
trop d'imprudence, ce rude despotisme. Lorsqu'il fut arrive en Egypte,
et eut ete reconnu souverain, il deposa la plupart de ceux qui
possedaient les charges de la cour et de l'armee, pour les donner a ceux
qu'il avait amenes d'Orient. C'etait des jeunes gens qui avaient toute
sa confiance, et qui engloutissaient toutes les graces.
_Le sultan est assassine par les Mamelucks_.
Ce fut pendant le temps qu'on negociait la treve avec le roi de France,
que les emirs, qui etaient tous du corps des Mamelucks formerent une
conjuration contre Almoadan, dans laquelle entra la sultane Sajareldor,
veuve du defunt soudan, qui avait ete disgraciee. Ils s'imaginerent
que, lorsque Almoadan serait maitre de Damiette, et que l'Egypte serait
entierement pacifiee, son caractere absolu disposerait de leurs biens et
de leurs vies, suivant ses soupcons et ses caprices. C'est pourquoi ils
resolurent d'executer leur dessein a Pharescour. Ils gagnerent plusieurs
officiers subalternes, et un grand nombre de soldats; et, comme le
soudan etait sur le point de partir pour aller prendre possession de
Damiette, suivant le traite fait avec le roi de France, il fit mettre
son armee sous les armes, et marcher vers la ville. Pour la faire
avancer plus promptement, les chefs des conjures firent repandre le
bruit que Damiette avait ete prise sur les chretiens, et qu'il fallait
se hater pour avoir part au butin. Le depart de l'armee n'avait laisse
aupres du soudan, pour sa garde a Pharescour, qu'une partie des
Mamelucks qui etaient de la conjuration, et ce prince infortune, qui ne
se defiait de rien, se trouva livre a leur discretion. Il avait dine
a Pharescour, dans le palais de bois dont j'ai parle, qui etait d'une
grandeur prodigieuse, et contenait differens appartemens. Apres son
repas, s'etant leve de table, comme il congediait plusieurs emirs pour
se retirer dans une chambre voisine, celui qui portait l'epee nue devant
lui, selon la coutume, se tourna brusquement, et lui en dechargea un
grand coup qui ne fit cependant que lui fendre la main depuis le doigt
du milieu, jusque bien avant dans le bras. Le soudan, se voyant sans
armes, prit la fuite, et se sauva vers le haut du batiment, ou il se
renfermat, sans qu'on se mit en peine de le poursuivre; mais aussitot
le redoutable feu gregeois ayant ete jete en differens endroits de
l'
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