e, arme a la legere, comme la plupart de ses autres
chevaliers, leurs blessures ne leur permettant pas de se charger de
toutes leurs armes ordinaires. Il repoussa les ennemis, et cependant
le roi envoya Gaucher de Chatillon, avec ordre de se poster devant les
machines, entre Joinville et les Sarrasins, car il avait appris que ce
seigneur et ses chevaliers n'etaient pas assez armes.
Chatillon poussa de nouveau les ennemis jusqu'a leur principal corps de
bataille, qui avait passe la nuit sous les armes hors de son camp,
de peur qu'on ne vint l'y forcer. Alors les infideles commencerent a
travailler a un epaulement pour se couvrir contre les arbaletriers
francais, et tirerent eux-memes sans cesse des fleches dans le camp du
roi, ou, quoique tirees au hasard, elles blesserent et tuerent beaucoup
de monde.
Joinville ayant ete reconnaitre le retranchement des ennemis, et l'ayant
trouve assez faible, proposa a ses gendarmes d'aller, la nuit suivante,
le ruiner. Ils promirent de le suivre; mais la hardiesse d'un pretre
leur fournit l'occasion de le renverser plus tot.
Ce pretre, qui s'appelait messire Jean de Vaisy[1], apres qu'on se
fut retire de part et d'autre, vit six capitaines mahometans qui
s'entretenaient devant leur retranchement; il prend une cuirasse, met
sur sa tete un casque et une epee a son cote, s'avance par un chemin
detourne, vient le long du retranchement vers ces six capitaines, qui,
le voyant seul, le prirent pour un homme de leur camp. Etant tout
proche d'eux, il tire son epee, et les attaque au moment ou ils ne s'y
attendaient pas. Ils se sauverent presque tous blesses dans leur camp.
L'alarme s'y met aussitot, et en meme temps plusieurs cavaliers en
sortent: ne voyant que le pretre qui avait fait cette esclandre, ils
piquerent vers lui. On les apercut du camp du roi, d'ou cinquante
gendarmes de Joinville sortirent, obligerent les Sarrasins de s'arreter,
et donnerent le temps au pretre de se retirer. Les ennemis furent
poursuivis par les cinquante gendarmes, et par d'autres qui se
joignirent a eux, et qui, pour ne pas perdre leur peine, allerent du
meme pas a l'epaulement. Comme il n'etait fait que de pierres mises
les unes sur les autres, il fut bientot renverse, et l'on en fit meme
emporter les pierres. Tel fut l'unique exploit de cette journee, qui se
fit le premier jour de careme.
[Note 1: Il etait aumonier du sire de Joinville.]
Des le lendemain, le roi fit travailler a une palissade, ou ba
|