sieurs
determinations essentielles qui ont sauve peut-etre la patrie; mais il lui
a sauve les inconveniens d'un travail penible, souvent infructueux, en lui
presentant les resultats, deja heureusement trouves, d'un travail quelle
ne connaissait qu'a peine, et qui ne lui etait pas assez familier.
"Tout cela suffit pour prouver que le comite de salut public n'a pas ete
d'un si petit secours qu'on voudrait avoir l'air de le croire. Il a fait
des fautes sans doute; est-ce a moi de les dissimuler? Pencherais-je vers
l'indulgence, moi qui crois qu'on n'a point assez fait pour la patrie
quand on n'a pas tout fait? Oui, il a fait des fautes, et je veux les lui
reprocher avec vous; mais il serait impolitique en ce moment d'appeler la
defaveur du peuple sur un comite qui a besoin d'etre investi de toute sa
confiance, qui est charge de grands interets, et dont la patrie attend de
grands secours; et quoiqu'il n'ait pas l'agrement des citoyennes
republicaines revolutionnaires, je ne le crois pas moins propre a ses
importantes operations."
Toute discussion fut fermee apres les reflexions de Robespierre. Le
surlendemain, le comite fut renouvele et reduit a neuf individus, comme
dans l'origine. Ses nouveaux membres etaient Barrere, Jean-Bon-Saint-Andre,
Gasparin, Couthon, Herault-Sechelles, Saint-Just, Thuriot, Robert Lindet,
Prieur de la Marne. Tous les membres accuses de faiblesse etaient congedies,
excepte Barrere, a qui sa grande facilite a rediger des rapports, et a se
plier aux circonstances, avait fait pardonner le passe. Robespierre n'y
etait pas encore, mais avec quelques jours de plus, avec un peu plus de
danger sur les frontieres, et de terreur dans la convention, il allait y
arriver.
Robespierre eut encore plusieurs autres occasions d'employer sa nouvelle
politique. La marine commencant a donner des inquietudes, on ne cessait
de se plaindre du ministre d'Albarade, de son predecesseur Monge, de
l'etat deplorable de nos escadres, qui, revenues de Sardaigne dans les
chantiers de Toulon, ne se reparaient pas, et qui etaient commandees par
de vieux officiers presque tous aristocrates. On se plaignait meme de
quelques individus nouvellement agreges au bureau de la marine. On
accusait beaucoup entre autres un nomme Peyron, envoye pour reorganiser
l'armee a Toulon. Il n'avait pas fait, disait-on, ce qu'il aurait du
faire: on en rendait le ministre responsable, et le ministre rejetait la
responsabilite sur un grand patriote, qu
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