es champs de bataille. Une
circonstance relevait le caractere de cette scene, et couvrait ce que des
esprits dedaigneux ou hostiles pourraient y trouver de ridicule, c'est le
danger, et l'entrainement avec lequel on le bravait. Au premier 14 juillet
1790, la revolution etait innocente encore et bienveillante, mais elle
pouvait n'etre pas serieuse, et etre mise a fin comme une farce ridicule,
par les baionnettes etrangeres; en aout 1793, elle etait tragique, mais
grande, signalee par des victoires et des defaites, et serieuse comme une
resolution irrevocable et heroique.
Le moment de prendre de grandes mesures etait arrive. De toutes parts
fermentaient les idees les plus extraordinaires: on proposait d'exclure
tous les nobles des emplois, de decreter l'emprisonnement general des
suspects contre lesquels il n'existait pas encore de loi assez precise, de
faire lever la population en masse, de s'emparer de toutes les
subsistances, de les transporter dans les magasins de la republique, qui
en ferait elle-meme la distribution a chaque individu; on cherchait enfin,
sans savoir l'imaginer, un moyen qui fournit sur-le-champ des fonds
suffisans. On exigeait surtout que la convention restat en fonctions,
qu'elle ne cedat pas ses pouvoirs a la nouvelle legislature qui devait lui
succeder, et que la constitution fut voilee comme la statue de la Liberte,
jusqu'a la defaite generale des ennemis de la republique.
C'est aux Jacobins que furent successivement proposees toutes ces idees.
Robespierre, ne cherchant plus a moderer l'elan de l'opinion, l'excitant
au contraire, insista particulierement sur la necessite de maintenir la
convention nationale dans ses fonctions, et il donnait la un sage conseil.
Dissoudre dans ce moment une assemblee qui etait saisie du gouvernement
tout entier, dans le sein de laquelle les divisions avaient cesse, et la
remplacer par une assemblee neuve, inexperimentee, et qui serait livree
encore aux factions, etait un projet desastreux. Les deputes des provinces
entourant Robespierre, s'ecrierent qu'ils avaient jure de rester reunis
jusqu'a ce que la convention eut pris des mesures de salut public, et ils
declarerent qu'ils l'obligeraient a rester en fonctions. Audouin, gendre
de Pache, parla ensuite, et proposa de demander la levee en masse et
l'arrestation generale des suspects. Aussitot, les commissaires des
assemblees primaires redigent une petition, et, le lendemain 12, viennent
la presenter a la convent
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