vous dis pas que le peuple soit coupable; je ne vous dis pas que
ses mouvemens soient un attentat; mais quand le peuple se leve, ne doit-il
pas avoir un but digne de lui? Mais de chetives marchandises doivent-elles
l'occuper? Il n'en a pas profite, car les pains de sucre ont ete
recueillis par les mains des valets de l'aristocratie; et en supposant
qu'il en ait profite, en echange de ce modique avantage, quels sont les
inconveniens qui peuvent en resulter? Nos adversaires veulent effrayer
tout ce qui a quelque propriete; ils veulent persuader que notre systeme
de liberte et d'egalite est subversif de tout ordre, de toute surete.
"Le peuple doit se lever, non pour recueillir du sucre, mais pour
terrasser les brigands. (_Applaudi_.) Faut-il vous retracer vos dangers
passes? Vous avez pense etre la proie des Prussiens et des Autrichiens; il
y avait une transaction; et ceux qui avaient alors trafique de votre
liberte, sont ceux qui ont excite les troubles actuels. J'articule a la
face des amis de la liberte et de l'egalite, a la face de la nation, qu'au
mois de septembre, apres l'affaire du 10 aout, il etait decide a Paris que
les Prussiens arriveraient sans obstacle a Paris."
(_Seance du mercredi 8 mai 1793._)
_Robespierre_: "Nous avons a combattre la guerre exterieure et interieure.
La guerre civile est entretenue par les ennemis de l'interieur. L'armee de
la Vendee, l'armee de la Bretagne et l'armee de Coblentz, sont dirigees
contre Paris, cette citadelle de la liberte. Peuple de Paris, les tyrans
s'arment contre vous, parce que vous etes la portion la plus estimable de
l'humanite: les grandes puissances de l'Europe se levent contre vous: tout
ce qu'il y a en France d'hommes corrompus secondent leurs efforts.
"Apres avoir concu ce vaste plan de vos ennemis, vous devez deviner
aisement le moyen de vous defendre. Je ne vous dis point mon secret; je
l'ai manifeste au sein de la convention.
"Je vais vous reveler ce secret, et, s'il etait possible que ce devoir
d'un representant d'un peuple libre put etre considere comme un crime, je
saurais braver tous les dangers pour confondre les tyrans et sauver la
liberte.
"J'ai dit ce matin a la Convention que les partisans de Paris iraient
au-devant des scelerats de la Vendee, qu'ils entraineraient sur leur route
tous leurs freres des departemens, et qu'ils extermineraient tous, oui,
tous les rebelles a la fois.
"J'ai dit qu'il fallait que tous les patriotes du dedans se
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