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_Robespierre_: "Comme j'ai toujours aime l'humanite et que je n'ai jamais
cherche a flatter personne, je vais dire la verite. Ceci est une trame
ourdie contre les patriotes eux-memes. Ce sont les intrigans qui veulent
perdre les patriotes; il y a dans le coeur du peuple un sentiment juste
d'indignation. J'ai soutenu, au milieu des persecutions et sans appui, que
le peuple n'a jamais tort; j'ai ose proclamer cette verite dans un temps
ou elle n'etait pas encore connue; le cours de la revolution l'a
developpee.
"Le peuple a entendu tant de fois invoquer la loi par ceux qui voulaient
le mettre sous son joug, qu'il se mefie de ce langage.
"Le peuple souffre; il n'a pas encore recueilli le fruit de ses travaux;
il est encore persecute par les riches, et les riches sont encore ce
qu'ils furent toujours, c'est-a-dire durs et impitoyables. (_Applaudi_.)
Le peuple voit l'insolence de ceux qui l'ont trahi, il voit la fortune
accumulee dans leurs mains, il ne sent pas la necessite de prendre les
moyens d'arriver au but; et, lorsqu'on lui parle le langage de la raison,
il n'ecoute que son indignation contre les riches, et il se laisse
entrainer dans de fausses mesures par ceux qui s'emparent de sa confiance
pour le perdre.
"Il y a deux causes: la premiere, une disposition naturelle dans le peuple
a chercher les moyens de soulager sa misere, disposition naturelle et
legitime en elle-meme; le peuple croit qu'au defaut des lois protectrices,
il a le droit de veiller lui-meme a ses propres besoins.
"Il y a une autre cause. Cette cause, ce sont les desseins perfides des
ennemis de la liberte, des ennemis du peuple, qui sont bien convaincus que
le seul moyen de nous livrer aux puissances etrangeres, c'est d'alarmer le
peuple sur ses subsistances, et de le rendre victime des exces qui en
resultent. J'ai ete temoin moi-meme des mouvemens. A cote des citoyens
honnetes, nous avons vu des etrangers et des hommes opulens, revetus de
l'habit respectable des sans-culottes. Nous avons entendu dire: On nous
promettait l'abondance apres la mort du roi, et nous sommes plus
malheureux depuis que ce pauvre roi n'existe plus. Nous en avons entendu
declamer non pas contre la portion intrigante et contre-revolutionnaire de
la convention, qui siege ou siegeaient les aristocrates de l'assemblee
constituante, mais contre la Montagne, mais contre la deputation de Paris
et contre les jacobins, qu'ils representaient comme accapareurs.
"Je ne
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