verification, leur classement, exigeaient une science particuliere, et
introduisaient une effrayante complication dans la comptabilite. Ce
n'etait qu'a Paris que chaque rentier pouvait se faire payer, et
quelquefois la division de sa creance en plusieurs portions l'obligeait a
se presenter chez vingt payeurs differens. Il y avait la dette constituee,
la dette exigible a terme fixe, la dette exigible provenant de la
liquidation; et, de cette maniere, le tresor etait expose tous les jours a
des echeances, et oblige de se procurer des capitaux pour rembourser des
sommes echues. "Il faut uniformiser et republicaniser la dette," dit
Cambon; et il proposa de convertir tous les contrats des creanciers de
l'etat en une inscription sur un grand livre, qui serait appele
_Grand-Livre de la dette publique_. Cette inscription et l'extrait qu'on
en delivrerait aux creanciers, seraient desormais leurs seuls titres. Pour
les rassurer sur la conservation de ce livre, il devait en etre depose un
double aux archives de la tresorerie; et, du reste, le feu et les autres
accidens ne le menacaient pas plus que les registres des notaires. Les
Creanciers devaient donc, dans un delai determine, remettre leurs titres
pour qu'ils fussent inscrits et brules ensuite. Les notaires avaient ordre
d'apporter tous les titres dont ils etaient depositaires, et on les
punissait de dix ans de fers si, avant la remise, ils en gardaient ou
delivraient des copies. Si le creancier laissait ecouler six mois pour se
faire inscrire, il perdait les interets; s'il laissait ecouler un an, il
etait dechu, et perdait le capital. "De cette maniere, disait Cambon, la
dette contractee par le despotisme ne pourra plus etre distinguee de celle
contractee depuis la revolution; et je defie _monseigneur le despotisme_,
s'il ressuscite, de reconnaitre son ancienne dette lorsqu'elle sera
confondue avec la nouvelle. Cette operation faite, vous verrez le
capitaliste qui desire un roi parce qu'il a un roi pour debiteur, et qui
craint de perdre sa creance si son debiteur n'est pas retabli, desirer la
republique qui sera devenue sa debitrice, parce qu'il craindra de perdre
son capital en la perdant."
Ce n'etait pas la le seul avantage de cette institution; elle en avait
d'autres encore tout aussi grands, et elle commencait le systeme du credit
public. Le capital de chaque creance etait converti en une rente
perpetuelle, au taux de cinq pour cent. Ainsi le creancier d'une somme de
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