de bravoure et de
zele. Dans le comite de salut public, quelques changements eurent lieu.
Thuriot et Gasparin, malades, donnerent leur demission. L'un d'eux fut
remplace par Robespierre, qui penetra enfin dans le gouvernement, et dont
la puissance immense fut ainsi reconnue et subie par la convention, qui
jusqu'ici ne l'avait nomme d'aucun comite. L'autre eut pour successeur le
celebre Carnot, qui deja, envoye a l'armee du Nord, avait donne de lui
l'idee d'un militaire savant et habile.
A toutes ces mesures administratives et militaires, furent ajoutees des
mesures de vengeance, suivant l'usage de faire suivre les actes d'energie
par des actes de cruaute. On a deja vu que, sur la demande des envoyes des
assemblees primaires, une loi avait ete resolue contre les suspects. Il
restait a en presenter le projet. On le demandait chaque jour, parce que
ce n'etait pas assez, disait-on, du decret du 27 mars, qui mettait les
aristocrates hors la loi. Ce decret exigeait un jugement, et on en
souhaitait un qui permit d'enfermer, sans les juger et seulement pour
s'assurer de leur personne, les citoyens suspects par leurs opinions. En
attendant ce decret, on decida que les biens de tous ceux qui etaient mis
hors la loi appartiendraient a la republique. On exigea ensuite des
dispositions plus severes envers les etrangers. Deja ils avaient ete mis
sous la surveillance des comites qui s'etaient intitules revolutionnaires;
mais on voulait davantage. L'idee d'une conspiration etrangere, dont Pitt
etait suppose le moteur, remplissait plus que jamais tous les esprits. Un
portefeuille trouve sur les murs de l'une de nos villes frontieres
renfermait des lettres qui etaient ecrites en anglais, et que des agens
anglais en France s'adressaient entre eux. Il etait question dans ces
lettres de sommes considerables envoyees a des agens secrets repandus dans
nos camps, nos places fortes et nos principales villes. Les uns etaient
charges de se lier avec les generaux pour les seduire, de prendre des
renseignemens exacts sur l'etat de nos forces, de nos places et de nos
approvisionnemens; les autres avaient mission de s'introduire dans les
arsenaux, dans les magasins, avec des meches phosphoriques, et d'y mettre
le feu. "Faites hausser, disaient encore ces lettres, le change jusqu'a
deux cents livres pour une livre sterling. Il faut discrediter le plus
possible les assignats, et refuser tous ceux qui ne porteront pas
l'effigie royale. Faites hausser l
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