ssentiel. Si l'on
parvenait a se sauver, la victoire les releverait tout a fait, permettrait
de faire de nouvelles emissions, et de realiser le reste des biens
nationaux, reste qui etait considerable et qui s'augmentait chaque jour
par l'emigration.
Le mode d'execution de cet emprunt force etait, de sa nature, prompt et
necessairement arbitraire. Comment evaluer les fortunes sans erreur, sans
injustice, meme a des epoques de calme, en prenant le temps necessaire, et
en consultant toutes les probabilites? Or, ce qui n'est pas possible, meme
avec les circonstances les plus propices, devait l'etre bien moins encore
dans un temps de violence et de precipitation. Mais lorsqu'on etait oblige
de troubler tant d'existences, de frapper tant de tetes, pouvait-on
s'inquieter beaucoup d'une meprise sur les fortunes, et de quelques
inexactitudes de repartition? On institua donc pour l'emprunt force, comme
pour les requisitions, une espece de dictature, et on l'attribua aux
communes. Chaque individu etait oblige de declarer l'etat de ses revenus.
Dans chaque commune, le conseil general nommait des verificateurs; ces
verificateurs decidaient, d'apres leurs connaissances des localites, si
les declarations etaient vraisemblables; et s'ils les supposaient fausses,
ils avaient le droit de les porter au double. Dans le revenu de chaque
famille, il etait preleve 1,000 francs par individu, mari, femme et
enfants; tout ce qui excedait constituait le revenu superflu, et, comme
tel, imposable. De 1,000 fr. a 10,000 fr. de revenu imposable, la taxe
etait d'un dixieme. 1,000 fr. de superflu payaient 100 fr.; 2,000 fr. de
superflu payaient 200 fr., et ainsi de suite. Tout revenu superflu
excedant 10,000 fr. etait impose d'une somme egale a sa valeur. De cette
maniere, toute famille qui, outre les 1,000 fr. accordes par individu,
et les 10,000 de superflu frappes d'un dixieme, jouissait encore d'un
revenu superieur, devait donner a l'emprunt tout cet excedant. Ainsi, une
famille composee de cinq individus, et riche a 50,000 livres de rentes,
avait 5,000 fr. reputes necessaires, 10,000 fr. imposes d'un dixieme, et
reduits a neuf, ce qui faisait en tout quatorze; et elle devait pour cette
annee abandonner les 36,000 fr. restants a l'emprunt force ou volontaire.
Prendre une annee de superflu a toutes les classes opulentes n'etait
certainement pas une si grande rigueur, lorsque tant d'individus allaient
expirer sur les champs de bataille; et cette som
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