munes le soin de taxer les prix suivant
l'etat des choses dans chaque localite. Bientot on allait etre conduit a
generaliser encore ces mesures, et a les rendre plus violentes en les
etendant davantage.
Les operations militaires, administratives et financieres de cette epoque
etaient donc aussi habilement concues que la situation le permettait, et
aussi vigoureuses que l'exigeait le danger. Toute la population, divisee
en generations, etait a la disposition des representans, et pouvait etre
appelee, soit a se battre, soit a fabriquer des armes, soit a panser les
blesses. Toutes les anciennes dettes, converties en une seule dette
republicaine, etaient exposees a partager le meme sort, et a n'avoir pas
plus de valeur que les assignats. On detruisait les rivalites multipliees
des anciens contrats, des assignats royaux, des actions des compagnies; on
empechait les capitaux de se retirer sur ces valeurs privilegiees, en les
assimilant toutes; les assignats ne rentrant pas, on en prenait un
milliard sur les riches, qu'on faisait passer de l'etat de monnaie a
l'etat d'une simple delegation sur les biens nationaux. Enfin, pour
etablir un rapport force entre les monnaies et les marchandises de
premiere necessite, on laissait aux communes le soin de rechercher toutes
les subsistances, toutes les marchandises, et de les faire vendre a un
prix convenable dans chaque localite. Jamais aucun gouvernement ne prit a
la fois des mesures ni plus vastes ni plus hardiment imaginees, et pour
accuser leurs auteurs de violence, il faudrait oublier le danger d'une
invasion universelle, et la necessite de vivre sur les biens nationaux
sans acheteurs. Tout le systeme des moyens forces derivait de ces deux
causes. Aujourd'hui, une generation superficielle et ingrate critique ces
operations, trouve les unes violentes, les autres contraires aux bons
principes d'economie, et joint le tort de l'ingratitude a l'ignorance du
temps et de la situation. Qu'on revienne aux faits, et qu'enfin on soit
juste pour des hommes auxquels il en a coute tant d'efforts et de perils
pour nous sauver.
Apres ces mesures generales de finances et d'administration, il en fut
pris d'autres plus specialement appropriees a chaque theatre de la guerre.
Les moyens extraordinaires, depuis longtemps resolus a l'egard de la
Vendee, furent enfin decretes. Le caractere de cette guerre etait
maintenant bien connu. Les forces de la rebellion ne consistaient pas dans
des troupes orga
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