nisees qu'on put detruire par des victoires, mais dans une
population qui, en apparence paisible et occupee de ses travaux agricoles,
se levait tout a coup a un signal donne, accablait de sa masse, surprenait
de son attaque imprevue les troupes republicaines, et, en cas de defaite,
se cachait dans ses bois, dans ses champs, et reprenait ses travaux sans
qu'on put distinguer celui qui avait ete soldat de celui qui n'avait pas
cesse d'etre paysan. Une lutte opiniatre de plus de six mois, des
soulevements qui avaient ete quelquefois de cent mille hommes, des actes
de la plus grande temerite, une renommee formidable, et l'opinion etablie
que le plus grand danger de la revolution etait dans cette guerre civile
devorante, devaient appeler toute l'attention du gouvernement sur la
Vendee, et provoquer a son egard les mesures les plus energiques et les
plus coleres. Depuis longtemps on disait que le seul moyen de soumettre ce
malheureux pays etait, non de le combattre, mais de le detruire, puisque
ses armees n'etaient nulle part et se trouvaient partout. Ces voeux furent
exauces par un decret formidable[1], ou la Vendee, les derniers Bourbons,
les etrangers, etaient frappes tous a la fois d'extermination.
[Note 1: 1er aout.]
En consequence de ce decret, il fut ordonne au ministre de la guerre
d'envoyer dans les departemens revoltes des matieres combustibles pour
incendier les bois, les taillis et les genets. "Les forets, etait-il dit,
seront abattues, les repaires des rebelles seront detruits, les recoltes
seront coupees par des compagnies d'ouvriers, les bestiaux seront saisis,
et le tout transporte hors du pays. Les vieillards, les femmes, les
enfants, seront conduits hors de la contree, et il sera pourvu a leur
subsistance avec les egards dus a l'humanite." Il etait enjoint en outre
aux generaux et aux representans en mission de faire tout autour de la
Vendee les approvisionnements necessaires pour nourrir de grandes masses,
et, aussitot apres, de provoquer dans les departemens environnants, non
pas une levee graduelle, comme dans les autres parties de la France, mais
une levee subite et generale, et de verser ainsi toute une population sur
une autre. Le choix des hommes repondit a la nature de ces mesures. On a
vu Biron, Berthier, Menou, Westermann, compromis et destitues pour avoir
soutenu le systeme de la discipline, et Rossignol, infracteur de cette
discipline, tire de prison par les agents du ministere. Le triomphe du
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