t pour suffire a la fois a
ces besoins urgens et a ces mauvaises passions qu'il devait subir,
puisqu'elles etaient inseparables de l'energie qui sauve un peuple en
danger.
Exiger de chaque localite un contingent determine en hommes, ne convenait
pas aux circonstances, c'eut ete douter de l'enthousiasme des Francais en
ce moment, et on devait supposer cet enthousiasme pour l'inspirer. Cette
maniere germanique d'imposer a chaque contree les hommes comme l'argent,
etait d'ailleurs en contradiction avec le principe de la levee en masse.
Un recrutement general par voie de tirage ne convenait pas davantage. Tout
le monde n'etant pas appele, chacun aurait songe alors a s'exempter, et se
serait plaint du sort qui l'eut oblige a servir. La levee en masse
exposait, il est vrai, la France a un desordre universel, et excitait les
railleries des moderes et des contre-revolutionnaires. Le comite de salut
public imagina le moyen le plus convenable a la circonstance, ce fut de
mettre toute la population en disponibilite, de la diviser par
generations, et de faire partir ces generations par rang d'age, au fur et
a mesure des besoins. "Des ce moment, portait le decret[1], jusqu'a celui
ou les ennemis auront ete chasses du territoire de la republique, tous les
Francais seront en requisition permanente pour le service des armees.
[Note 1: 23 aout.]
Les jeunes gens iront au combat; les hommes maries forgeront des armes et
transporteront les subsistances; les femmes feront des tentes, des habits,
et serviront dans les hopitaux; les enfans mettront le vieux linge en
charpie; les vieillards se feront porter sur les places publiques pour
exciter le courage des guerriers, precher la haine des rois, et l'amour
de la republique."
Tous les jeunes gens non maries, ou veufs sans enfans, depuis l'age de
dix-huit ans jusqu'a celui de vingt-cinq ans, devaient composer la
premiere levee, dite la _premiere requisition_. Ils devaient se reunir
sur-le-champ, non dans les chefs-lieux de departemens, mais dans ceux de
district, car, depuis le federalisme, on craignait ces grandes reunions
par departemens, qui leur donnaient le sentiment de leurs forces et l'idee
de la revolte. D'ailleurs, il y avait un autre motif pour agir ainsi,
c'etait la difficulte d'amasser dans les chefs-lieux des subsistances et
des approvisionnemens suffisans pour de grandes masses. Les bataillons
formes dans les chefs-lieux de district devaient commencer sur-le-champ
les exe
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