es a ces grandes masses armees, on prit
diverses mesures qui n'etaient pas moins extraordinaires que les
precedentes. Les jacobins auraient voulu que la republique, faisant
achever le tableau general des subsistances, les achetat toutes, et s'en
fit ensuite la distributrice, soit en les donnant aux soldats armes pour
elle, soit en les vendant aux autres citoyens a un prix modere. Ce
penchant a vouloir tout faire, a suppleer la nature elle-meme, quand elle
ne marche pas a notre gre, ne fut point aussi aveuglement suivi que
l'auraient desire les jacobins. Cependant il fut ordonne que les tableaux
des subsistances, deja commandes aux municipalites, seraient promptement
termines, et envoyes au ministere de l'interieur, pour faire la
statistique generale des besoins et des ressources; que le battage des
grains serait acheve la ou il ne l'etait pas, et que les municipalites les
feraient battre elles-memes si les particuliers s'y refusaient; que les
fermiers ou proprietaires des grains paieraient en nature leurs
contributions arrierees, et les deux tiers de celles de l'annee 1793;
qu'enfin les fermiers et regisseurs des biens devenus nationaux en
deposeraient les revenus aussi en nature.
L'execution de ces mesures extraordinaires ne pouvait etre
qu'extraordinaire aussi. Des pouvoirs limites, confies a des autorites
locales qui auraient ete a chaque instant arretees par des resistances,
qui, d'ailleurs, n'auraient pas eu toutes la meme energie et le meme
devouement, ne convenaient ni a la nature des mesures decretees ni a leur
urgence. La dictature des commissaires de la convention etait encore ici
le seul moyen dont on put faire usage. Ils avaient ete employes deja pour
la premiere levee des trois cent mille hommes, decretee en mars, et ils
avaient promptement et completement rempli leur mission. Envoyes aux
armees, ils surveillaient les generaux et leurs operations, quelquefois
contrariaient des militaires consommes, mais partout ranimaient le zele,
et communiquaient une grande vigueur de volonte. Enfermes dans les places
fortes, ils avaient soutenu des sieges heroiques a Valenciennes et a
Mayence; repandus dans l'interieur, ils avaient puissamment contribue a
etouffer le federalisme. Ils furent donc encore employes ici, et recurent
des pouvoirs illimites, pour executer cette requisition des hommes et des
choses. Ayant sous leurs ordres les commissaires des assemblees primaires,
pouvant les diriger a leur gre, leur confier un
|