ion. Ils demandent que la convention se charge de
sauver elle-meme la patrie, qu'aucune amnistie ne soit accordee, que les
suspects soient arretes, qu'ils soient envoyes les premiers a l'ennemi, et
que le peuple leve en masse marche derriere eux. Une partie de ces
propositions est adoptee. L'arrestation des suspects est decretee en
principe; mais le projet d'une levee en masse, qui paraissait trop
violent, est renvoye a l'examen du comite de salut public. Les jacobins,
peu satisfaits, insistent, et continuent de repeter dans leur club, qu'il
ne faut pas un mouvement partiel, mais universel.
Les jours suivans, le comite fait son rapport, et propose un decret trop
vague, et des proclamations trop froides.
"Le comite, s'ecrie Danton, n'a pas tout dit: il n'a pas dit que si la
France est vaincue, que si elle est dechiree, les riches seront les
premieres victimes de la rapacite des tyrans; il n'a pas dit que les
patriotes vaincus dechireront et incendieront cette republique, plutot que
de la voir passer aux mains de leurs insolens vainqueurs! Voila ce qu'il
faut apprendre a ces riches egoistes."--"Qu'esperez-vous, ajoute Danton,
vous qui ne voulez rien faire pour sauver la republique? Voyez quel serait
votre sort si la liberte succombait! Une regence dirigee par un imbecile,
un roi enfant dont la minorite serait longue, enfin le morcellement de nos
provinces, et un dechirement epouvantable! Oui, riches, on vous
imposerait, on vous pressurerait davantage et mille fois davantage que
vous n'aurez a depenser pour sauver votre pays et eterniser la liberte!...
La convention, ajoute Danton, a dans les mains les foudres populaires;
qu'elle en fasse usage et les lance a la tete des tyrans. Elle a les
commissaires des assemblees primaires, elle a ses propres membres; qu'elle
envoie les uns et les autres executer un armement general!"
Les projets de loi sont encore renvoyes au comite. Le lendemain, les
jacobins depechent de nouveau les commissaires des assemblees primaires a
la convention. Ceux-ci viennent demander encore une fois, non un
recrutement partiel, mais la levee en masse, parce que, disent-ils, les
demi-mesures sont mortelles, parce que la nation entiere est plus facile a
ebranler qu'une partie de ses citoyens! "Si vous demandez, ajoutent-ils,
cent mille soldats, ils ne se trouveront point; mais des millions d'hommes
repondront a un appel general. Qu'il n'y ait aucune dispense pour le
citoyen physiquement constitue pour
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