ces faux
_Moniteurs_ aux soldats de la garnison; et cette lecture repandait les
plus grandes inquietudes, et ajoutait aux souffrances qu'on endurait deja,
la douleur de defendre peut-etre une cause perdue. Cependant on attendait
en se disant: L'armee du Rhin va bientot arriver. Quelquefois on disait:
Elle arrive. Pendant une nuit, on entend une canonnade vigoureuse tres
loin de la place. On s'eveille avec joie, on court aux armes, et on
s'apprete a marcher vers le canon francais, et a mettre l'ennemi entre
deux feux. Vain espoir! le bruit cesse, et l'armee liberatrice ne parait
pas. Enfin la detresse etait devenue si insupportable, que deux mille
habitans demanderent a sortir. Aubert-Dubayet le leur permit; mais ils ne
furent pas recus par les assiegeans; resterent entre deux feux et perirent
en partie sous les murs de la place. Le matin, on vit les soldats
rapporter dans leurs manteaux des enfans blesses.
Pendant ce temps, l'armee du Rhin et de la Moselle ne s'avancait pas.
Custine l'avait commandee jusqu'au mois de juin. Encore tout abattu de sa
retraite, il n'avait cesse d'hesiter pendant les mois d'avril et de mai.
Il disait qu'il n'etait pas assez fort; qu'il avait besoin de beaucoup de
cavalerie pour soutenir, dans les plaines du Palatinat, les efforts de la
cavalerie ennemie; qu'il n'avait point de fourrages pour nourrir ses
chevaux; qu'il lui fallait attendre que les seigles fussent assez avances
pour en faire du fourrage, et qu'alors il marcherait au secours de
Mayence[1]. Beauharnais, son successeur, hesitant comme lui, perdit
l'occasion de sauver la place.
[Note 1: Voyez le proces de Custine.]
La ligne des Vosges, comme on sait, longe le Rhin, et vient finir non loin
de Mayence. En occupant les deux versans de la chaine et ses principaux
passages, on a un avantage immense, parce qu'on peut se porter ou tout
d'un cote ou tout d'un autre, et accabler l'ennemi de ses masses reunies.
Telle etait la position des Francais. L'armee du Rhin occupait le revers
oriental, et celle de la Moselle le revers occidental; Brunswick et
Wurmser etaient dissemines, a la terminaison de la chaine, sur un cordon
fort etendu. Disposant des passages, les deux armees francaises pouvaient
se reunir sur l'un ou l'autre des versans, accabler ou Brunswick ou
Wurmser, venir prendre les assiegeans par derriere et sauver Mayence.
Beauharnais, brave, mais peu entreprenant, ne fit que des mouvemens
incertains, et ne secourut pas la garni
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