. Fabre d'Eglantine s'en melait
aussi, et on accusait Danton, mais sans aucune preuve, de n'y etre pas
etranger.
L'intrigue la plus honteuse fut celle que lia le baron de Batz, banquier
et financier habile, avec Julien, de Toulouse, et Delaunay, d'Angers, les
deputes les plus decides a faire fortune. Ils avaient le projet de
denoncer les malversations de la compagnie des Indes, de faire baisser ses
actions, de les acheter aussitot, de les relever ensuite au moyen de
motions plus douces, et de realiser ainsi les profits de la hausse.
D'Espagnac, cet abbe delie, qui fut fournisseur de Dumouriez dans la
Belgique, qui avait obtenu depuis l'entreprise generale des charrois, et
dont Julien protegeait les marches aupres de la convention, devait fournir
en reconnaissance les fonds de l'agiotage. Julien se proposait d'en
trainer encore dans cette intrigue Fabre, Chabot, et autres, qui pouvaient
devenir utiles comme membres de divers comites.
La plupart de ces hommes etaient attaches a la revolution, et ne
cherchaient pas a la desservir mais, a tout evenement, ils voulaient
s'assurer des jouissances et de la fortune. On ne connaissait pas toutes
leurs trames secretes; mais, comme ils speculaient sur le discredit des
assignats, on leur imputait le mal dont ils profitaient. Comme ils avaient
dans leurs rangs beaucoup de banquiers etrangers, on les disait agens de
Pitt et de la coalition; et on croyait encore voir ici l'influence,
mysterieuse et si redoutee, du ministere anglais. On etait, en un mot,
egalement indigne contre les agioteurs et les accapareurs, et on demandait
contre les uns et les autres les memes supplices.
Ainsi, tandis que le Nord, le Rhin, le Midi, la Vendee, etaient envahis
par nos ennemis, nos moyens de finances consistaient dans une monnaie non
acceptee, dont le gage etait incertain comme la revolution elle-meme, et
qui, a chaque accident, diminuait d'une valeur proportionnee au peril.
Telle etait cette situation singuliere: a mesure que le danger augmentait
et que les moyens auraient du etre plus grands, ils diminuaient au
contraire; les munitions s'eloignaient du gouvernement, et les denrees du
peuple. Il fallait donc a la fois creer des soldats, des armes, une
monnaie pour l'etat et pour le peuple, et apres tout cela s'assurer des
victoires.
CHAPITRE XII.
ARRIVEE ET RECEPTION A PARIS DES COMMISSAIRES DES ASSEMBLEES PRIMAIRES.
--RETRAITE DU CAMP DE CESAR PAR L'ARMEE DU NORD.--FETE DE L'ANNIVER
|