SAIRE
DU 10 AOUT, ET INAUGURATION DE LA CONSTITUTION DE 1793.--MESURES
EXTRAORDINAIRES DE SALUT PUBLIC.--DECRET ORDONNANT LA LEVEE EN MASSE.
--MOYENS EMPLOYES POUR EN ASSURER L'EXECUTION.--INSTITUTION DU _Grand
Livre_; NOUVELLE ORGANISATION DE LA DETTE PUBLIQUE.--EMPRUNT FORCE.
--DETAILS SUR LES OPERATIONS FINANCIERES A CETTE EPOQUE.--NOUVEAUX DECRETS
SUR LE _maximum_--DECRETS CONTRE LA VENDEE, CONTRE LES ETRANGERS ET CONTRE
LES BOURBONS.
Les commissaires envoyes par les assemblees primaires pour celebrer
l'anniversaire du 10 aout, et accepter la constitution au nom de toute la
France, venaient d'arriver a Paris. On voulait saisir ce moment pour
exciter un mouvement d'enthousiasme, reconcilier les provinces avec la
capitale, et provoquer des resolutions heroiques. On prepara une reception
brillante. Des marchands furent appeles de tous les environs. On amassa
des subsistances considerables pour qu'une disette ne vint pas troubler
ces fetes, et que les commissaires jouissent a la fois du spectacle de la
paix, de l'abondance et de l'ordre; on poussa les egards jusqu'a ordonner
a toutes les administrations des voitures publiques de leur ceder des
places, meme celles qui seraient deja retenues par des voyageurs.
L'administration du departemens, qui avec celle de la commune rivalisait
d'austerite dans son langage et ses proclamations, fit une adresse _aux
freres_ des assemblees primaires. "Ici, leur disait-elle, des hommes
couverts du masque du patriotisme vous parleront avec enthousiasme de
liberte, d'egalite, de republique une et indivisible, tandis qu'au fond de
leur coeur ils n'aspirent et ne travaillent qu'au retablissement de la
royaute et au dechirement de leur patrie. Ceux-la sont les riches; et les
riches dans tous les temps ont abhorre les vertus et tue les moeurs. La,
vous trouverez des femmes perverses, trop seduisantes par leurs attraits,
qui s'entendront avec eux pour vous entrainer dans le vice.... Craignez,
craignez surtout le ci-devant Palais-Royal, c'est dans ce jardin que vous
trouverez ces perfides. Ce fameux jardin, berceau de la revolution,
naguere l'asile des amis de la liberte, de l'egalite, n'est plus
aujourd'hui, malgre notre active surveillance, que l'egout fangeux de la
societe, le repaire des scelerats, l'antre de tous les conspirateurs....
Fuyez ce lieu empoisonne; preferez au spectacle dangereux du luxe et de la
debauche les utiles tableaux de la vertu laborieuse; visitez les
faubourgs, fond
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