inaire, et demandait qu'on envoyat
les accapareurs a la guillotine.
Cette facheuse situation etait un resultat necessaire de la creation des
assignats, comme les assignats eux-memes furent amenes par la necessite
de payer des dettes anciennes, des offices et une guerre ruineuse; et, par
les memes causes, le _maximum_ devait bientot resulter des assignats. Peu
importait en effet qu'on eut rendu cette monnaie forcee, si le marchand,
en elevant ses prix, parvenait a se soustraire a la necessite de la
recevoir. Il fallait rendre le taux des marchandises force comme celui de
la monnaie. Des que la loi avait dit: Le papier vaut six francs, elle
devait dire: Telle marchandise ne vaut que six francs; car autrement le
marchand, en la portant a douze, echappait a l'echange.
Il avait donc fallu encore, malgre les girondins, qui avaient donne
d'excellentes raisons puisees dans l'economie ordinaire des choses,
etablir le _maximum_ des grains. La plus grande souffrance pour le peuple,
c'est le defaut de pain. Les bles ne manquaient pas, mais les fermiers,
qui ne voulaient pas affronter le tumulte des marches, ni livrer leur ble
au taux des assignats, se cachaient avec leurs denrees. Le peu de grain
qui se montrait etait enleve rapidement par les communes, et par les
individus que la peur engageait a s'approvisionner. La disette se faisait
encore plus sentir a Paris que dans aucune autre ville de France, parce
que les approvisionnemens pour cette cite immense etaient plus difficiles,
les marches plus tumultueux, la peur des fermiers plus grande. Les 3 et 4
mai, la convention n'avait pu s'empecher de rendre un decret par lequel
tous les fermiers ou marchands de grains etaient obliges de declarer la
quantite de bles qu'ils possedaient, de faire battre ceux qui etaient en
gerbes, de les porter dans les marches, et exclusivement dans les marches,
et de les vendre a un prix moyen fixe par chaque commune, et base sur les
prix anterieurs du 1er janvier au 1er mai. Personne ne pouvait acheter
pour suffire a ses besoins au-dela d'un mois; ceux qui avaient vendu ou
achete a un prix au-dessus du _maximum_, ou menti dans leurs declarations,
etaient punis de la confiscation et d'une amende de 300 a 1,000 francs.
Des visites domiciliaires etaient ordonnees pour verifier la verite; de
plus, le tableau de toutes les declarations devait etre envoye par les
municipalites au ministre de l'interieur, pour faire une statistique
generale des subsistances
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