opposait,
n'etait jamais attribuee qu'a de la raison. Il sentait cette position, et
il commenca alors, pour la premiere fois, a se faire un systeme.
Jusque-la, tout entier a sa haine, il n'avait songe qu'a pousser la
revolution sur les girondins; maintenant, voyant, dans un nouveau
debordement des esprits, un danger pour les patriotes, il pensa qu'il
fallait maintenir le respect pour la convention et le comite de salut
public, parce que toute l'autorite residait en eux, et ne pouvait passer
en d'autres mains sans une confusion epouvantable.
D'ailleurs il etait dans cette convention, il ne pouvait manquer d'etre
bientot dans le comite de salut public, et, en les defendant, il soutenait
a la fois une autorite indispensable, et une autorite dont il allait faire
partie. Comme toute opinion se formait d'abord aux Jacobins, il songea a
s'en emparer toujours davantage, a les rattacher autour de la convention
et des comites, sauf a les dechainer ensuite s'il le jugeait necessaire.
Toujours assidu, mais assidu chez eux seuls, il les flattait de sa
presence; ne prenant plus que rarement la parole a la convention, ou,
comme nous l'avons dit, on ne parlait presque plus, il se faisait souvent
entendre a leur tribune, et ne laissait jamais passer une proposition
importante sans la discuter, la modifier ou la repousser. En cela, sa
conduite etait bien mieux calculee que celle de Danton. Rien ne blesse les
hommes et ne favorise les bruits equivoques comme l'absence. Danton,
negligent comme un genie ardent et passionne, etait trop peu chez les
jacobins. Quand il reparaissait, il etait reduit a se justifier, a assurer
qu'il serait toujours bon patriote, a dire que "si quelquefois il usait de
certains menagemens pour ramener des esprits faibles, mais excellens, on
pouvait etre assure que son energie n'en etait pas diminuee; qu'il
veillait toujours avec la meme ardeur aux interets de la republique, et
qu'elle serait victorieuse." Vaines et dangereuses excuses! Des qu'on
s'explique, des qu'on se justifie, on est domine par ceux auxquels on
s'adresse. Robespierre, au contraire, toujours present, toujours pret a
ecarter les insinuations, n'etait jamais reduit a se justifier, il prenait
au contraire le ton accusateur; il gourmandait ses fideles jacobins et il
avait justement saisi le point ou la passion qu'on inspire, etant bien
prononcee, on ne fait que l'augmenter par des rigueurs.
On a vu de quelle maniere il traita Jacques Roux, qui av
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