l'intention de nous envelopper, avait trop divise son attaque. Nos
jeunes volontaires, soutenus par le general Barbantane et le brave
Dagobert, tenaient ferme dans leurs retranchemens, et apres des efforts
inouis, les Espagnols parurent decides a se retirer. Dagobert, qui
attendait ce moment, se precipite sur eux, mais un de ses bataillons se
debande tout a coup, et se laisse ramener en desordre. Heureusement a
cette vue, Deflers, Barbantane, viennent au secours de Dagobert, et tous
s'elancent avec tant de violence, que l'ennemi est culbute au loin. Ce
combat du 17 juillet releva le courage de nos soldats, et, suivant le
temoignage d'un historien, produisit aux Pyrenees l'effet que Valmy avait
produit dans la Champagne l'annee precedente.
Du cote des Alpes, Dubois-Crance, place entre la Savoie mecontente, la
Suisse incertaine, Grenoble et Lyon revoltes, se conduisait avec autant de
force que de bonheur. Tandis que les autorites sectionnaires pretaient
devant lui le serment federaliste, il faisait preter le serment oppose au
club et a son armee, et attendait le premier mouvement favorable pour
agir. Ayant saisi en effet la correspondance des autorites, il y trouva la
preuve qu'elles cherchaient a se coaliser avec Lyon; alors il les denonca
au peuple de Grenoble comme voulant amener la dissolution de la republique
par une guerre civile, et profitant d'un moment de chaleur, il les fit
destituer, et rendit tous les pouvoirs a l'ancienne municipalite. Des ce
moment, tranquille sur Grenoble, il s'occupa de reorganiser l'armee des
Alpes, afin de conserver la Savoie et de faire executer les decrets de la
convention contre Lyon et Marseille. Il changea tous les etats-majors,
retablit l'ordre dans ses bataillons, incorpora les recrues provenant de
la levee des trois cent mille hommes; et quoique les departemens de la
Lozere, de la Haute-Loire, eussent employe leur contingent a etouffer la
revolte de leurs montagnes, il tacha d'y suppleer par des requisitions.
Apres ces premiers soins, il fit partir le general Carteaux avec quelques
mille hommes d'infanterie, et avec la legion levee en Savoie sous le nom
de legion des Allobroges, pour se rendre a Valence, y occuper le cours du
Rhone, et empecher la jonction des Marseillais avec les Lyonnais.
Carteaux, parti dans les premiers jours de juillet, se porta rapidement
sur Valence, et de Valence sur le Pont-Saint-Esprit, ou il enleva le corps
des Nimois, dispersa les uns, s'incorpora les
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