centrale, son habitude du
commandement, sa politique tour a tour habile et forte, avaient decide le
triomphe de la Montagne sur ce dernier effort des girondins.
Applaudissons-nous de ce resultat, car dans un moment ou la France etait
attaquee de toutes parts, le plus digne de commander c'etait le plus fort.
Les federalistes vaincus se condamnaient par leurs propres paroles: Les
honnetes gens, disaient-ils, n'ont jamais su avoir de l'energie.
Mais tandis que les federalistes succombaient de tous cotes, un dernier
accident allait exciter contre eux les plus grandes fureurs.
A cette epoque vivait dans le Calvados une jeune fille, agee de vingt-cinq
ans, reunissant a une grande beaute un caractere ferme et independant.
Elle se nommait Charlotte Corday d'Armans. Ses moeurs etaient pures, mais
son esprit etait actif et inquiet. Elle avait quitte la maison paternelle
pour aller vivre avec plus de liberte chez une de ses amies a Caen. Son
pere avait autrefois, par quelques ecrits, reclame les privileges de sa
province, a l'epoque ou la France etait reduite encore a reclamer des
privileges de villes et de provinces. La jeune Corday s'etait enflammee
pour la cause de la revolution, comme beaucoup de femmes de son temps, et,
de meme que madame Roland, elle etait enivree de l'idee d'une republique
soumise aux lois et feconde en vertus. Les girondins lui paraissaient
vouloir realiser son reve; les montagnards semblaient seuls y apporter des
obstacles; et, a la nouvelle du 31 mai, elle resolut de venger ses
orateurs cheris. La guerre du Calvados commencait; elle crut que la mort
du chef des anarchistes, concourant avec l'insurrection des departemens,
assurerait la victoire de ces derniers; elle resolut donc de faire un
grand acte de devouement, et de consacrer a sa patrie une vie dont un
epoux, des enfans, une famille, ne faisaient ni l'occupation ni le charme.
Elle trompa son pere, et lui ecrivit que les troubles de la France
devenant tous les jours plus effrayans, elle allait chercher le calme et
la securite en Angleterre. Tout en ecrivant cela, elle s'acheminait vers
Paris. Avant son depart, elle voulut voir a Caen les deputes, objets de
son enthousiasme et de son devouement. Pour parvenir jusqu'a eux, elle
imagina un pretexte, et demanda a Barbaroux une lettre de recommandation
aupres du ministre de l'interieur, ayant, disait-elle, des papiers a
reclamer pour une amie, ancienne chanoinesse. Barbaroux lui en donna une
pour le d
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