uand il leur arrivait de devancer le moment
d'une proposition, par exces d'impatience revolutionnaire. La petition de
Jacques Roux contre la constitution, retractee par les cordeliers a la
voix des jacobins, etait une preuve de cette deference.
Telle etait, depuis le 31 mai, la distribution des pouvoirs et des
influences: on voyait a la fois un comite gouvernant, une commune occupee
de reglemens municipaux, et des jacobins exercant sur le gouvernement une
censure continuelle et rigoureuse.
Deux mois ne s'etaient pas ecoules sans que l'opinion s'exercat severement
contre l'administration actuelle. Les esprits ne pouvaient pas s'arreter
au 31 mai; leur exigence devait aller au-dela, et il etait naturel qu'ils
demandassent toujours et plus d'energie, et plus de celerite, et plus de
resultats. Dans la reforme generale des comites, reclamee le 2 juin, on
avait epargne le comite de salut public, rempli d'hommes laborieux,
etrangers a tous les partis, et charges de travaux qu'il etait dangereux
d'interrompre; mais on se souvenait qu'il avait hesite au 31 mai et au 2
juin, qu'il avait voulu negocier avec les departemens, et leur envoyer des
otages, et on ne tarda pas a le trouver insuffisant pour les
circonstances. Institue dans le moment le plus difficile, on lui imputait
des defaites qui etaient le malheur de notre situation et non sa faute.
Centre de toutes les operations, il etait encombre d'affaires, et on lui
reprochait de s'ensevelir dans les papiers, de s'absorber dans les
details, d'etre en un mot use et incapable. Etabli cependant au moment de
la defection de Dumouriez, lorsque toutes les armees etaient
desorganisees, lorsque la Vendee se levait et que l'Espagne commencait la
guerre, il avait reorganise l'armee du Nord et celle du Rhin, et il avait
cree celles des Pyrenees et de la Vendee, qui n'existaient pas, et
approvisionne cent vingt-six places ou forts; et quoiqu'il restat encore
beaucoup a faire pour mettre nos forces sur le pied necessaire, c'etait
beaucoup d'avoir execute de pareils travaux en si peu de temps et a
travers les obstacles de l'insurrection departementale. Mais la defiance
publique exigeait toujours plus qu'on ne faisait, plus qu'on ne pouvait
faire, et c'est en cela meme qu'on provoquait une energie si grande et
proportionnee au danger. Pour augmenter la force du comite, et remonter
son energie revolutionnaire, on avait adjoint a ses membres Saint-Just,
Jean-Bon-Saint-Andre et Couthon. Neanmoi
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