lus imposans, en s'opposant a toutes leurs
vivacites, et qui d'ailleurs voulait ramener a lui l'attention trop fixee
sur le martyr, prit la parole dans cette circonstance. "Si je parle
aujourd'hui, dit-il, c'est que j'ai le droit de le faire. Il s'agit des
poignards, ils m'attendent, je les ai merites, et c'est l'effet du hasard
si Marat a ete frappe avant moi. J'ai donc le droit d'intervenir dans la
discussion, et je le fais pour m'etonner que votre energie s'epuise ici en
vaines declamations, et que vous ne songiez qu'a de vaines pompes. Le
meilleur moyen de venger Marat, c'est de poursuivre impitoyablement ses
ennemis. La vengeance qui cherche a se satisfaire en vains honneurs
funeraires s'apaise bientot, et ne songe plus a s'exercer d'une maniere
plus reelle et plus utile. Renoncez donc a d'inutiles discussions, et
vengez Marat d'une maniere plus digne de lui." Toute discussion fut
ecartee par ces paroles, et on ne songea plus aux propositions qui avaient
ete faites. Neanmoins, les jacobins, la convention, les cordeliers, toutes
les societes populaires et les sections, se preparerent a lui decerner des
honneurs magnifiques. Son corps resta expose pendant plusieurs jours; Il
etait decouvert, et on voyait la blessure qu'il avait recue. Les societes
populaires, les sections venaient processionnellement jeter des fleurs sur
son cercueil. Chaque president prononcait un discours. La section de la
Republique vient la premiere: "il est mort, s'ecrie son president, il est
mort l'ami du peuple.... Il est mort assassine!... Ne prononcons point son
eloge sur ses depouilles inanimees. Son eloge c'est sa conduite, ses
ecrits, sa plaie sanglante, et sa mort!... Citoyennes, jetez des fleurs
sur le corps pale de Marat! Marat fut notre ami, il fut l'ami du peuple,
c'est pour le peuple qu'il a vecu, c'est pour le peuple qu'il est mort."
Apres ces paroles, des jeunes filles font le tour du cercueil, et jettent
des fleurs sur le corps de Marat. L'orateur reprend: "Mais c'est assez se
lamenter; ecoutez la grande ame de Marat, qui se reveille et vous dit:
Republicains, mettez un terme a vos pleurs.... Les republicains ne doivent
verser qu'une larme, et songer ensuite a la patrie. Ce n'est pas moi qu'on
a voulu assassiner, c'est la republique: ce n'est pas moi qu'il faut
venger, c'est la republique, c'est le peuple, c'est vous!"
Toutes les societes, toutes les sections vinrent ainsi l'une apres l'autre
autour du cercueil de Marat; et si l'h
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