ta aux Cordeliers.
Son buste, repandu partout avec celui de Lepelletier et de Brutus, figura
dans toutes les assemblees et les lieux publics. Le scelle mis sur ses
papiers fut leve; on ne trouva chez lui qu'un assignat de cinq francs, et
sa pauvrete fut un nouveau sujet d'admiration. Sa gouvernante, qu'il
avait, selon les paroles de Chaumette, prise pour epouse, _un jour de beau
temps, a la face du soleil_, fut appelee sa veuve, et nourrie aux frais de
l'etat.
Telle fut la fin de cet homme, le plus etrange de cette epoque si feconde
en caracteres. Jete dans la carriere des sciences, il voulut renverser
tous les systemes; jete dans les troubles politiques, il concut tout
d'abord une pensee affreuse, une pensee que les revolutions realisent
chaque jour, a mesure que leurs dangers s'accroissent, mais qu'elles ne
s'avouent jamais, la destruction de tous leurs adversaires. Marat, voyant
que, tout en les condamnant, la revolution n'en suivait pas moins ses
conseils, que les hommes qu'il avait denonces etaient depopularises et
immoles au jour qu'il avait predit, se regarda comme le plus grand
politique des temps modernes, fut saisi d'un orgueil et d'une audace
extraordinaires, et resta toujours horrible pour ses adversaires, et au
moins etrange pour ses amis eux-memes. Il finit par un accident aussi
singulier que sa vie, et succomba au moment meme ou les chefs de la
republique, se concertant pour former un gouvernement cruel et sombre, ne
pouvaient plus s'accommoder d'un collegue maniaque, systematique et
audacieux, qui aurait derange tous leurs plans par ses saillies.
Incapable, en effet, d'etre un chef actif et entrainant, il fut l'apotre
de la revolution; et lorsqu'il ne fallait plus d'apostolat, mais de
l'energie et de la tenue, le poignard d'une jeune fille indignee vint a
propos en faire un martyr, et donner un saint au peuple, qui fatigue de
ses anciennes images, avait besoin de s'en creer de nouvelles.
CHAPITRE XI
DISTRIBUTION DES PARTIS DEPUIS LE 31 MAI, DANS LA CONVENTION, DANS LE.
COMITE DE SALUT PUBLIC ET LA COMMUNE.--DIVISIONS DANS LA _Montagne_.
--DISCREDIT DE DANTON.--POLITIQUE DE ROBESPIERRE.--EVENEMENS EN VENDEE.
--DEFAITE DE WESTERMANN A CHATILLON, ET DU GENERAL LABAROLIERE A VIHIERS.
--SIEGE ET PRISE DE MAYENCE PAR LES PRUSSIENS ET LES AUTRICHIENS.--PRISE
DE VALENCIENNES.--DANGERS EXTREMES DE LA REPUBLIQUE EN AOUT 1793.--ETAT
FINANCIER.--DISCREDIT DES ASSIGNATS.--ETABLISSEMENT DU _maximum_.
--DET
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