leur esprit ni leurs voeux n'allaient au-dela. Il y avait
cependant plusieurs raisons d'en agir ainsi; car Nantes ouvrait les
communications avec la mer, assurait la possession de tout le pays, et
rien n'empechait les Vendeens, apres la prise de cette ville, de tenter
des projets plus hardis: d'ailleurs ils n'arrachaient pas leurs soldats de
chez eux, consideration importante avec des paysans qui ne voulaient
jamais perdre leur clocher de vue. Charrette, maitre de la Basse-Vendee,
apres avoir fait une fausse demonstration sur les Sables, s'etait empare
de Machecoul, et se trouvait aux portes de Nantes. Il ne s'etait jamais
concerte avec les chefs de la Haute-Vendee, mais il offrait cette fois de
s'entendre avec eux. Il promettait d'attaquer Nantes par la rive gauche,
tandis que la grande armee l'attaquerait par la rive droite, et il
semblait difficile de ne pas reussir avec un tel concours de moyens.
Les Vendeens evacuerent donc Saumur, descendirent vers Angers et se
disposerent a marcher d'Angers sur Nantes, en filant le long de la rive
droite de la Loire. Leur armee etait fort diminuee, parce que beaucoup de
paysans ne voulaient pas s'engager dans une expedition aussi longue;
cependant elle se composait encore de trente mille hommes a peu pres. Ils
nommerent un generalissime, et firent choix du voiturier Cathelineau, pour
flatter les paysans et se les attacher davantage. M. de Lescure, blesse,
dut rester dans l'interieur du pays pour faire de nouveaux rassemblemens,
pour tenir les troupes de Niort en echec, et empecher que le siege de
Nantes ne fut trouble.
Pendant ce temps, la commission des representans, seant a Tours, demandait
des secours a tout le monde, et pressait Biron, qui visitait la cote, de
se porter en toute hate sur les derrieres des Vendeens. Ne se contentant
meme pas de rappeler Biron, elle ordonnait des mouvemens en son absence,
et faisait marcher vers Nantes toutes les troupes qu'on avait pu reunir a
Saumur. Biron repondit aussitot aux instances de la commission. Il
consentait, disait-il, au mouvement execute sans ses ordres, mais il etait
oblige de garder les Sables et la Rochelle, villes plus importantes a ses
yeux que Nantes; les bataillons de la Gironde, les meilleurs de l'armee,
allaient le quitter, et il fallait qu'il les remplacat; il lui etait
impossible de mouvoir son armee sans la voir se debander et se livrer au
pillage, tant elle etait indisciplinee: il pouvait donc tout au plus en
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