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Mon homme n'a pas lache prise. Ces paysans sont obstines. "Monsieur, monsieur, un de ces quatre matins, il ecrasera le mur en tombant." Et je pense qu'un mur se remplace. "Monsieur, monsieur, un de ces quatre matins, il ecrasera un passant." Ca, c'est plus grave. Un passant ne se remplace pas. Allons, soyons raisonnable. Il n'ecrasera donc en tombant que mon coeur. J'ai donne l'ordre d'abattre le temoin de mon premier chagrin d'amour. Je me suis penche sur le trou que ses racines arrachees ont creuse dans la terre, et je ne me suis pas etonne de tant de place qu'il occupait. Maintenant le mur reconstruit a bouche la breche et je me sens plus enferme dans mon enclos. A mesure qu'on avance dans la vie, il semble que ce mur d'enceinte se resserre. La nature change avant nous. La nature meurt avant nous. Nous perdons peu a peu tout ce qui donnait un visage au passe. Aucun temoin ne garantit plus la verite de nos souvenirs. D'autres ombres que celles des arbres peu a peu descendent sur nous. Et l'on a de la peine a croire qu'on a ete, comme tout le monde fut peut-etre un jour, un enfant a califourchon sur un mur, ne sachant pas s'il sautera dehors vers la vie libre, vers la jeune fille qui rit, vers l'amour, ou s'il rentrera, bien sagement, a la maison... VI PROMENADE AVEC MON PERE Pendant ma longue convalescence, comme on ne me permettait pas de lire sans repit, avec l'aide de tante Dine qui assujettissait patiemment ses lunettes, dont elle ne se servait pas volontiers, afin de donner, d'une main plus sure, de grands coups de ciseaux, parfois malheureux, dans les cartonnages, j'avais construit toutes sortes d'edifices, chateaux, fermes, chaumieres, et meme cathedrales. Je les disposais sur une grande table qu'on m'abandonnait. L'ensemble me representait une ville dont mes soldats de plomb entreprenaient le siege. Ces soldats, legues par mon frere Bernard qui, tout petit, collectionnait deja les uniformes, ou offerts le soir de Noel par le belliqueux petit Jesus, etaient innombrables: il y en avait des regiments, de grands et de minuscules, de plats et de pleins, et des fantassins, et des artilleurs, et des cavaliers. Parmi les cavaliers, les uns faisaient corps avec leur monture, les autres s'en pouvaient detacher: un appendice pointu qu'ils portaient au derriere permettait de les fixer a volonte sur le dos perfore des chevaux. Un soir l'assaut fut tragique. Le general devisse --il etait pourvu de l'appendice --
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