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--Et pouvons-nous redescendre? demandait chaque fois Louise dont la question nous etonnait, grand-pere et moi, car nous etions pas si presses. --Pas encore, mademoiselle; M. Michel a dit comme ca que ce n'etait pas le moment. Un lazaret avait ete installe pour les cas douteux, les deux hopitaux regorgeaient de malades, les entrees et les sorties de la ville etaient surveillees. Une serie d'arretes avait ete rendue par le maire, ordonnant les plus minutieuses precautions. --C'est terrible, concluait le fermier qui nous donnait ces details. Et grand-pere declarait que nous etions parfaitement bien a l'Alpette, mais Louise se rongeait d'impatience. Les jours peu a peu raccourcirent. Apres le mois d'aout qui fut tres chaud, septembre, plus ventile, vint, et septembre passa. Les feuilles des hetres et des bouleaux, dans la foret, changeaient de couleur autour des sapins immuables, les premieres toutes rouges et les autres dorees. Sur les rochers les touffes d'airelles dessechees prirent une teinte ecarlate. Il m'arrivait d'etre surpris par la nuit qui montait en courant du creux de la vallee et de queter, pour me remettre en chemin, l'assistance d'un patre dans quelque hameau dont les petites lumieres m'avaient guide. Puis, nous fumes informes que le fleau diminuait et que bientot nous pourrions quitter l'Alpette. J'en recus la nouvelle sans plaisir. Ces vacances m'avaient enivre de liberte. Cependant on nous accordait un delai de quelques jours. III LA FIN D'UN REGNE Toute la nuit il avait souffle un grand vent qui tomba dans la matinee. Octobre qui commencait s'annoncait mal. Apres le dejeuner, je sortis pour constater les degats de l'orage. L'automne etait venu brusquement. Dans les bois les feuilles des bouleaux et des fayards, les feuilles rouges et les feuilles dorees, arrachees des arbres ou elles brillaient comme des fleurs, bruissaient sous mes pas, et comme autrefois, quand j'etais petit et que j'allais cueillir des noix en contrebande pour les ecraser ensuite sur les chenets, je laissais trainer mes pieds pour mieux entendre ce crissement aigu et plaintif. A mon retour, le soir, je vis un char arrete devant la porte du chalet. Son fanal n'etait pas allume et le jour baissait, de sorte que je ne reconnus qu'en m'approchant le vehicule de notre fermier. Le cheval n'etait pas detele, mais personne n'en avait la garde: on avait simplement pris la precaution de lui poser une couverture sur le
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