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ouvement de la population. L'epidemie etait definitivement enrayee: apres les mesures sanitaires ordonnees ne subsistait plus aucun peril. Reveillee de son cauchemar, la ville se livrait a des transports de joie qui etaient sa revanche contre la terreur. Je l'avais vue dans l'epouvante chercher en hurlant son salut dans un homme, et je la retrouvais dans une ardeur et une insouciance de fete. Une douceur d'automne flottait comme un parfum. Les boutiques brillaient, les trottoirs regorgeaient de promeneurs et les cafes debordaient jusque sur la chaussee. Les femmes portaient les robes claires qu'elles n'avaient pu montrer de tout l'ete et, pimpantes dans leurs toilettes fraiches, transformaient la saison en un tardif printemps. Au sortir de tant de deuil on jouissait de la vie et le convoi des morts courait la poste. J'etais le fils du sauveur, je m'attendais a la faveur populaire, et l'on evitait notre approche. Je ne tardai pas a le remarquer. La rencontre de ce vieillard et de ce jeune homme contraignait au souvenir du bienfaiteur et, partant, a celui des mauvais jours qu'on avait traverses. Personne ne s'en souciait evidemment. Nous eussions aime a causer de tant d'infortunes, et nul ne nous en fournissait l'occasion. Enfin quelqu'un nous aborda, et ce fut Martinod, Martinod la bouche en coeur et la barbe lisse, qui, sans me donner le temps de l'ecarter, nous parla de mon pere avec admiration, avec eloquence, avec enthousiasme. Il lui rendait pleine et entiere justice, il celebrait son courage, son talent d'organisation, sa valeur medicale, son art merveilleux de diriger les hommes. Je m'etais resolu, en l'apercevant, a lui tourner le dos avec mepris, et voici que, plein de reconnaissance, je buvais ses paroles et j'oubliais ses calomnies, ses basses manoeuvres, ses menees souterraines qui avaient failli briser l'unite de la famille. J'aurais du chercher sur son visage la marque imprimee par la main de mon pere, et je consentais a ecouter ses louanges effrontees. J'etais encore trop ingenu pour deviner ce qu'il preparait. Glus et Merinos, toujours inseparables, qui nous croiserent ensuite, consentirent a nous entretenir d'eux-memes et des cruelles epreuves dont ils avaient avantageusement triomphe. Nous essayames de citer le pauvre Cassenave et le malheureux Galurin, mais ils glisserent sur ce sujet de conversation pour nous annoncer qu'ils composaient l'un une Marche funebre et l'autre une Danse macabre en comme
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