FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   188   189   190   191   192   193   194   195   196   197   198   199   200   201   202   203   204   205   206   207   208   209   210   211   212  
213   214   215   216   217   218   219   220   221   222   223   224   225   226   >>  
uls qui ne signifient rien! cria- t-il a temps. Il nous rapportait tous ces incidents et ces bruits, car nous ne communiquions plus avec personne, et lui-meme se desinfectait avec soin en rentrant de ses tournees. Puis les villages en aval des travaux de captation se crurent contamines eux aussi. Atteint de panique, leur population se replia sur la ville. On la vit passer avec ses chars, ses troupeaux, ses meubles, comme une emigration devant la guerre. Il y eut des bagarres, parce qu'on voulait l'expulser. Et brusquement l'epidemie, jusqu'alors circonscrite et dont on avait fort exagere les ravages, soit par suite de l'agglomeration et du manque d'hygiene, soit parce que l'air etait reellement vicie, prit des proportions inquietantes. L'effroi public devint lui-meme un danger. On annonca la peste et la famine. L'abbe Heurtevent, qui, tout en se devouant, puisait dans cette atmosphere de catastrophe une sorte de reconfort a cause de la realisation de ses propheties et qui ne pouvait s'empecher de reconnaitre les signes de l'intervention divine, fut accuse formellement de sorcellerie et dut se terrer dans sa chambre pendant quelques jours, sous menace d'un mauvais coup. Mlle Tapinois avait donne le signal du depart, abandonnant son ouvroir, que ma mere reprit sans rien dire. Les hotels se vidaient, et les habitants qui pouvaient fuir s'enfuyaient. Le manque d'organisation venait augmenter le fleau. La municipalite avait demissionne, et le prefet prenait les eaux en Allemagne. D'urgence on convoqua les electeurs. Ce fut une ruee vers mon pere. Tous les jours on criait devant la grille: _Vive Rambert!_ ou: _C'est Rambert qu'il nous faut!_ et tante Dine ne se rassasiait jamais de ce refrain qui enchantait ses oreilles. Lui seul, il n'y avait que lui. Je n'ai pas vu, et je ne puis decrire la ville desesperee, aux boutiques fermees de peur du pillage, dechiree par les partis, hantee de tous les soupcons, travaillee par la haine et la misere, et livree a l'epouvante. Mais je l'ai vue de mes yeux, a nos pieds, la, sous nos fenetres, supplier un homme, se soumettre a lui, s'asservir a celui dont, auparavant, elle n'avait pas voulu. Elle se trainait, elle gemissait, elle poussait des cris d'amour comme une chienne en folie. Et, ne comprenant pas sa detresse, je la meprisais. Mon pere avait perdu sur moi son autorite, non pour en avoir abuse, malgre ses apparences ou j'imaginais de la tyrannie, mais peut-etre, qui sait?
PREV.   NEXT  
|<   188   189   190   191   192   193   194   195   196   197   198   199   200   201   202   203   204   205   206   207   208   209   210   211   212  
213   214   215   216   217   218   219   220   221   222   223   224   225   226   >>  



Top keywords:
devant
 

Rambert

 

manque

 

imaginais

 

grille

 

tyrannie

 

criait

 

enchantait

 

refrain

 
oreilles

rassasiait

 

jamais

 

augmenter

 

municipalite

 

venait

 

organisation

 

pouvaient

 
habitants
 
enfuyaient
 
demissionne

convoqua

 

urgence

 

electeurs

 

prefet

 

prenait

 

Allemagne

 

apparences

 

malgre

 
chienne
 

comprenant


livree
 
misere
 

epouvante

 
poussait
 
soumettre
 
asservir
 

auparavant

 

gemissait

 
fenetres
 
trainait

supplier
 

vidaient

 

detresse

 
desesperee
 
boutiques
 

fermees

 

decrire

 

pillage

 

meprisais

 

soupcons