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couvraient dans le passe et ne voulaient pas approfondir devant moi, quand un secours inattendu leur vint. Ma mere entra. Sans doute avait-elle de sa chambre entendu le choc des voix et accourait-elle, tremblante, pour empecher le conflit de s'aggraver. Elle apportait la paix de la famille. --Qu'y a-t-il? s'informa-t-elle avec douceur. Deja, par sa presence, elle les separait, et j'eus l'impression que la conversation n'offrirait plus d'interet pour personne. --Je suis venu reprendre mon fils, declara mon pere. Et grand-pere m'abandonna: --Reprends-le. Reprends-le. On disposait de moi sans me consulter. Mais il ne put se tenir d'ajouter, en maniere de defi: --Reprends-le si tu peux. --Il ne faut pas l'ecarter de Dieu, dit simplement ma mere qui se rappelait notre messe manquee. Et, comprenant que je n'etais pas a ma place, elle me poussa vers eux comme un gage de reconciliation avec ces mots: --Embrasse-les et descends vers tante Dine. J'obeis. On m'accola negligemment ou a contre-coeur, et je m'elancai dans l'escalier, sans savoir comment le rapprochement s'opera. Je pensais a Nazzarena qui partait. Un peu plus tard on m'appela dans le jardin, mais je ne repondis pas. Je courus jusqu'a la chataigneraie qui bordait le domaine et je grimpai sur le mur, a cote de la breche qu'un des arbres avait jadis ouverte rien que par la poussee de ses racines, et qu'on avait fermee par une grille. De la, je dominais la route d'Italie. Il ne me restait plus que cette chance: la troupe du cirque passerait-elle par la? J'attendis assez longtemps, et ce ne fut pas en vain. Les voici, les voici. D'abord les voitures qui portent la tente et les bancs et tous les accessoires. Quels tristes chevaux les trainent! Je cherche le coursier noir de Nazzarena, mais il ne se distingue pas des autres haridelles. Puis ce sont les roulottes habitees. L'une ou l'autre de leurs minces cheminees fume: on prepare le diner pour la route qui sera longue. Sur un balcon d'arriere, a cote de la perruche que je connais bien, une vieille peigne les cheveux noirs d'une fillette. Je cherche, je cherche de tous mes yeux les cheveux blonds de mon amie. Ah! je la vois enfin. C'est elle, la, sans chapeau, c'est son visage uni et son teint dore. Elle conduit elle-meme une des guimbardes. On lui a confie une mission d'importance. Elle tient son fouet tout droit en l'air, mais elle aime trop les betes pour les frapper. Elle redresse le bus
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