FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   13   14   15   16   17   18   19   20   21   22   23   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36   37  
38   39   40   41   42   43   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   >>   >|  
coulait des levres en une mousse brunatre; ses poings tremblants se crispaient. On lui aspergeait le visage d'eau froide; on lui desserrait de force, souvent avec une lame de fer, les mains et les machoires; et, generalement, au bout de quelques minutes, il se relevait et reprenait son travail, un peu pale encore et fremissant, avec des yeux inquiets et fuyants. Bientot il n'y paraissait plus; apres s'etre secoue comme un chien qui sort de l'eau, il se calait la joue d'une nouvelle chique, puis s'absorbait dans son travail. Pendant le reste du jour, alors, il restait d'ordinaire un peu taciturne et comme mate. Ainsi s'alignait, dans la penombre et le vacarme, la lourde equipe des presses, avec les elements divers qui la composaient. C'etait un petit monde a part dans la fabrique; une sorte de republique avec ses lois et ses usages propres ou, malgre les sympathies et les antipathies personnelles, regnait un esprit de solidarite professionnelle qui pouvait prendre a l'occasion un caractere presque hostile a l'egard des autres ouvriers. Par exemple, les "huiliers" n'etaient pas toujours fort aimables envers Pee, le meunier, que l'on voyait occupe a l'autre bout de l'atelier, aupres de ses meules grincantes. Un peu jaloux de lui, ils ne supportaient pas tres bien cette espece de pierrot sec, qui etait tout blanc de farine, alors qu'eux luisaient de graisse et d'huile. Ressentiment analogue a l'egard des deux charretiers, qui venaient la deposer ou prendre leur chargement. Mais ils en voulaient surtout a Bruun, le chauffeur, et a Miel et Siesken, les deux aides aux meules verticales, qu'ils appelaient les "cabris". Pour eux, Bruun etait tout simplement un flemmard. Ils avaient la conviction intime qu'il n'en fichait pas une secousse, parce que, au fond, il n'avait rien a faire. Une machine a vapeur, voyons, ca travaillait tout seul: son unique besogne consistait a ne pas laisser s'eteindre le foyer; et pour le reste il pouvait flaner, espionner, poursuivre "La Blanche" de ses assiduites degoutantes. On ne se genait pas, a l'occasion, pour lui clouer le bec en lui disant son fait, ce qui donnait alors lieu a des scenes violentes. Bleme de rage concentree, Bruun se defendait, essayait de leur faire comprendre quel savoir, quelle responsabilite signifiait la conduite d'une machine a vapeur. Mais ils lui riaient au nez; et ils le defiaient de prendre leur place a l'une des presses et de fabriquer un tourteau de colza ou de lin
PREV.   NEXT  
|<   13   14   15   16   17   18   19   20   21   22   23   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36   37  
38   39   40   41   42   43   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   >>   >|  



Top keywords:
prendre
 

vapeur

 

machine

 
occasion
 
pouvait
 
meules
 

presses

 

travail

 

verticales

 

cabris


appelaient
 
simplement
 

avaient

 

supportaient

 

conviction

 

flemmard

 

chauffeur

 

intime

 

charretiers

 

venaient


deposer
 

farine

 

analogue

 
luisaient
 

Ressentiment

 
chargement
 
pierrot
 

Siesken

 

voulaient

 

surtout


graisse

 

espece

 
besogne
 
defendait
 

concentree

 
essayait
 

comprendre

 

donnait

 

scenes

 

violentes


savoir

 

quelle

 
fabriquer
 

tourteau

 
defiaient
 
responsabilite
 

signifiait

 

conduite

 
riaient
 

disant