FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   23   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40   41   42   43   44   45   46   47  
48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   >>   >|  
la fabrique. Parfois, lorsqu'un rayon de soleil entrait par les petites fenetres, elles se remettaient toutes a chanter. On eut dit des oiseaux, brusquement reveilles dans leur cage lugubre. Si un nuage cachait le soleil, les chants s'attenuaient et se mouraient et la resignation melancolique de leur vie incolore retombait lourdement sur elles. Les jeunes avaient souri un instant, comme des fleurs epanouies a l'air vivifiant; et puis l'ombre grise et morne venait fletrir leur jeunesse sans espoir. Une joyeuse demi-heure, en ete, quand il faisait beau, c'etait la collation a quatre heures. Alors elles venaient s'asseoir dans la cour interieure de la fabrique, alignees contre le mur, a la suite des hommes, eux aussi en train de faire dinette en plein air, a la file. Il y avait bien en elles, chaque fois, une hesitation, une sorte de lutte interieure, parce qu'elles n'aimaient pas la presence genante de tous ces hommes; mais d'ordinaire elles se risquaient pourtant, parce qu'il faisait trop chaud et trop beau pour rester dans leur "fosse", lorsqu'on pouvait sortir. Accroupis la, tous, hommes et femmes, leur pain noir et leur gamelle de cafe froid sur les genoux, pouvaient, par-dessus le mur de cloture, apercevoir la cime des arbres fruitiers dans le verger du voisin, ou il y avait aussi une forge. Les pommes mures gonflaient leurs joues rouges entre les feuillages jaunissants; les poires pendaient aux branches comme de lourdes pendeloques d'or. Les hommes contaient des farces grivoises, scandees par le chant des marteaux sur l'enclume dans la forge; et, sur la haute tour de l'eglise, sous le beau ciel bleu, ils voyaient les aiguilles dorees du cadran ramper lentement vers la demie, l'heure ou il faudrait se lever et rentrer dans le tapage et la noirceur des ateliers. C'etait si bon, ces trente minutes dehors. Ca valait des heures, vous semblait-il. Ca vous consolait du dur labeur passe, vous reconfortait pour le dur labeur a venir. Parfois, pendant qu'ils etaient la, le forgeron et son aide faisaient une apparition dans la cour, rapportant telle ou telle piece reparee; et souvent, de sous leur tablier de cuir, noir et luisant comme du metal terni, ils sortaient quelques-uns de ces beaux fruits murs que les ouvriers voyaient avec des yeux de convoitise pendre aux branches, de l'autre cote du mur. Alors c'etait une joie! Les jeunes filles y mordaient a belles dents, avec des yeux brillants et un murmure jouisseur; et l
PREV.   NEXT  
|<   23   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40   41   42   43   44   45   46   47  
48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   >>   >|  



Top keywords:

hommes

 
labeur
 

faisait

 

interieure

 

heures

 

branches

 
fabrique
 

Parfois

 

voyaient

 

soleil


lorsqu
 
jeunes
 

marteaux

 

eglise

 

enclume

 

pendre

 

convoitise

 
murmure
 
dorees
 

cadran


aiguilles
 
ouvriers
 

scandees

 

farces

 

rouges

 

feuillages

 
gonflaient
 
belles
 

mordaient

 

brillants


jaunissants

 

poires

 
pendeloques
 

contaient

 

ramper

 

lourdes

 

pendaient

 
filles
 

grivoises

 

pommes


reparee
 
semblait
 

souvent

 
tablier
 
luisant
 

valait

 

consolait

 
rapportant
 

forgeron

 
faisaient