, enfin a
l'application des categories a toutes les questions qui concernent
l'etre. S'agit-il de la nature de Dieu ou de celle de l'ame, les
categories sont presque toujours rappelees et discutees; toutefois, du
sein meme de ces discussions, s'echappe presque toujours le principe que
Dieu est hors de toutes les categories[149].
[Note 149: J. Launoy, _De var. Arist. fortuna_, c. II.---Ritter, Ouvr.
cite, t. VI, c. III, p. 249, et t. VII, c. II, p. 516.]
C'est plus tard que l'on voit decidement passer l'empire du cote du
peripatetisme, mais alors la metaphysique decroit et cede la place a
la logique; ce que les historiens de la philosophie appellent _le
formalisme_, commence a prevaloir dans la science. Chez les paiens, on a
reconcilie Aristote et Platon; les controverses sur le fond des choses
s'eteignent; on ne songe plus qu'a ordonner les idees, qu'a les exposer
systematiquement. Chez les chretiens, meme tendance. De tout temps, et
notamment en Asie, Aristote avait eu de devoues commentateurs, mais la
plupart en dehors du christianisme; il n'en est plus de meme aux Ve et
VIe siecles. On distingue parmi eux David d'Armenie, qui avait etudie
sous les derniers neo-platoniciens. Deja, au jugement de Ritter,
l'esprit d'Aristote avait inspire Nemesius, de qui nous possedons un
precieux ouvrage. Jean Philopon, surnomme _le Grammairien_, subit plus
manifestement encore la meme influence. Il avait ete commentateur du
prince des peripateticiens avant d'ecrire sur la theologie, et ses
doctrines s'en ressentent, aussi bien que l'heresie des tritheistes,
qu'on peut rattacher a son nom[150]. C'est ainsi que nous sommes peu a
peu conduits a voir naitre et grandir, au VIIIe siecle, l'aristotelisme
chretien.
[Note 150: Ritter, _ibid._, t. II, t. VII, c. i, p. 420, 424, 442 et
457.]
L'Arabe Mansur, que l'Eglise sanctifie sous le nom de Jean de Damas ou
Damascene, est designe comme le createur de la theologie scolastique.
Son ouvrage, du moins, en est le premier monument.
Ce livre, intitule _Source de la Science_, se compose de trois traites
distincts[151]. Le premier est une dialectique ou une compilation fort
claire de l'introduction de Porphyre et des Categories d'Aristote avec
une definition generale de la philosophie; le second, un expose
sommaire des diverses doctrines ou _heresies_ de l'antiquite en matiere
religieuse, et le troisieme, un grand traite _de la foi orthodoxe_ ou
les dogmes fondamentaux sont concus et trad
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