nique, mais le dogme
emprunte a l'Academie des idees de detail, des metaphores, des
hypotheses, des explications theoretiques dont l'Ecriture n'offre aucune
trace et qui sont la part de la raison pure dans l'oeuvre de la foi.
Aristote contribue pour peu de chose a ces developpements additionnels
de la science apostolique: de loin en loin, quelques termes d'ecole,
quelques formes dialectiques, inseparables de toute discussion, viennent
seulement attester que l'etude, ou du moins une teinture de sa logique
etait une condition necessaire de la culture de l'esprit.
Des lors cependant la philosophie n'intervient pas dans la religion sans
rencontrer de resistance, elle excite des ombrages, dea scrupules, des
censures; tous les Peres s'en servent, mais aucun ne s'y fie d'une
maniere absolue, et si les uns la recherchent et l'aiment, les autres
la fuient ou la repoussent. La crainte se mele au gout meme qu'elle
inspire. Beaucoup se declarent resolument contre elle et la proscrivent
avec severite; d'autres, apres l'avoir celebree, recommandent de ne
la suivre qu'avec prudence, les anathemes de saint Paul contre _les
surprises de la philosophie_, contre _la vaine tromperie de la science
humaine_, semblent retentir encore aux oreilles des successeurs de
l'apotre; ils craignent d'etre de ceux _qui s'egarent dans leurs propres
raisonnements_; ils se croient toujours en presence de cette _gnose
pseudonyme_ dont _les vides paroles et les antitheses profanes_ sont
interdites a Timothee[135].
[Note 135: Coloss II, 8.--Rom. I, 21.--I Tim. VI, 20.]
Toutefois, dans les quatre premiers siecles surtout, plusieurs Peres,
non les moindres par le genie, offrent quelques caracteres de l'esprit
philosophique. Justin, Athenagore, Clement, Origene, les trois premiers
Gregoire, et plus tard Cyrille d'Alexandrie, ne cherchent point a fermer
les yeux a la lumiere de la science. Tel d'entre eux semble mettre sur
la meme ligne la raison et la foi, mais aucun ne s'annonce pour un
disciple d'Aristote; un eclectisme flottant qui tend au platonisme se
retrouve dans presque tous leurs ecrits. Ils ne sont pas, quoi qu'on en
ait dit, de purs alexandrins, mais ils sont vaguement animes de l'esprit
qui inspire l'ecole d'Alexandrie. La dialectique, comme art de la
refutation, ne leur est pas etrangere, ils la regardent, d'apres
Platon, _comme un rempart_[136], et cependant d'autres ecrivains
sacres s'elevent des lors contre les dangers et les temerites de la
|