ilosophique. Epiphane s'en prend a l'imitation d'Aristote de l'erreur
d'Aetius[144]; celle des Agnoetes passe pour venir de Themistius,
denonce, comme une des gloires du peripatetisme; saint Basile, saint
Augustin et deux Gregoire imputent a Eunomius une methode syllogistique,
_echo retentissant d'Aristote;_ Arius lui-meme est accuse de
dialectique. Enfin il a ete ecrit qu'il n'est pas d'heresie dont Platon
lui-meme n'ait fourni l'assaisonnement[145].
[Note 144: _Adv. haeres._ t. III, _haer._ LVI _vel_ LXXXVI, sec. 2.]
[Note 145: Budd., _Obs. sel._ XV, t. 1, p. 180.--Basil., I,
_Cont. Eunom._ V et IX.--Aug. _De Trin._ XV, XX.--Nyss., I _Cont.
Eunom._--Tortul., _de Anim._, c. XXIII.--I, _Cont. Mart._, c. XIII.
C'est l'opinion d'un theologien de grande erudition, le P. Petau,
_Theol. dogm._, t. I, t. I, c. III, I, et t. II, t. I, c. i, 4, et c.
III, 1.--Cf. Budd., _Isag._, lib. post. c. IV, p. 557 et 600, c. VI, p.
918, c. VII, p. 1142.]
Telles etaient les opinions des Peres, opinions qui dans leur
incoherence nous montrent la philosophie constamment suspecte, au temps
meme ou l'on s'en sert le plus, aux jours de gloire de l'Eglise grecque.
On sait que c'est vers le milieu du Ve siecle que le christianisme,
envisage comme un corps de doctrine, recut la forme generale que lui ont
a peu pres conservee les modernes. Nous relevons plus de saint Augustin
que d'Origene, et l'Eglise latine, qui prit alors le dessus jusque dans
la science, est naturellement la source et la regle du catholicisme
romain. Le christianisme oriental fut toujours plus speculatif, celui de
l'Occident plus pratique. L'un tient plus d'une theorie sacree, l'autre
d'une politique religieuse. En toutes choses, meme dans la foi, l'art
est le lot de la Grece; le partage de Rome, c'est le gouvernement.
Au temps des Jerome, des Ambroise, des Augustin, un principe fondamental
est definitivement etabli, c'est l'autorite de l'Eglise en matiere
de foi, c'est la subordination de la raison a la tradition, et de la
science a l'autorite. A compter de ce moment surtout, la question
essentielle ne doit plus etre: Quelle est en soi la verite? mais:
Quel est de fait l'enseignement de l'Eglise? Aussi la philosophie
semble-t-elle irrevocablement condamnee. Les heretiques, dit Ambroise,
abandonnent l'apotre pour suivre Aristote; quant a nous, nous n'avons
que faire de la philosophie, _nihil nobis cum philosophia_[146]. Elle
est la troisieme plaie de l'Egypte, fait-on di
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