e sacree, enfante
la theologie scolastique; on appelle ainsi l'aristotelisme du moyen
age, ou la dialectique telle que nous la connaissons, appliquee
a l'enseignement du dogme: c'est la theologie rationnelle ou la
philosophie religieuse de l'epoque, c'est pour le temps enfin le
christianisme selon la science[134].
[Note 134: Cf. Ad, Tribbechovii _De Doctor. scholast_., ed. sec.,
Jenae, 1719. C. A. Heumanni praef., p. XIII, et c, t, ii, vi, p. 249 et
seqq.--J. Fr. Buddei _Isagog. hist. theol_., Lips. 1727, t. 1, t. post.,
c. 1, p. 352 et seqq. et passim.--Budd., _Observ. select._ xv, t. 1, p.
175, 187, 194, etc.--Mabillon, _Traite des etudes monastiques_,
part. ii, c. vi.--Brucker, _Hist. crit. phil_., t. III, part. ii,
passim.--Riter, _Hist. de la Philos. chret._, t. II de la trad.,
passim.]
Si l'on veut eclaircir les commencements de cette ecole theologique,
dont le glorieux centre fut a Paris et qui se developpait au XIIe
siecle, il faut remonter bien plus haut que le moyen age. Nous venons
de dire que des qu'il y a des livres chretiens autres que les livres
divins, et peut-etre dans ceux-ci memes, au moins dans les Epitres, on
voit a la tradition de l'Evangile se meler un element philosophique. En
pouvait-il etre autrement? Les premiers Peres ecrivent, ils sont donc a
quelque degre des lettres; leur education, si modeste qu'on la suppose,
a laisse dans leur esprit des idees et des expressions originaires de
la science des gentils. L'enseignement apostolique ne peut prendre une
forme tant soit peu litteraire sans qu'aussitot les souvenirs de la
Grece s'y viennent unir. Une religion, des qu'elle se traite dans
les livres, ressemble fort a un systeme de philosophie. Elle prend
necessairement l'esprit humain comme elle le trouve, la langue telle
qu'elle est faite, la science au point ou elle en est venue. Tous les
Peres sont donc plus ou moins philosophes, meme ceux qui n'en ont aucune
envie; mais quelques-uns mettent du prix a l'etre et font expressement
a la philosophie une place dans la religion. Ce n'est pas encore la
philosophie scolastique, ni meme la philosophie peripateticienne; ce qui
domine, c'est l'esprit et quelquefois le langage de Platon. Le disciple
de Socrate se retrouve dans ces disciples du Christ, et quelques
lambeaux de la pourpre athenienne restent attaches, comme des ornements
oublies, a la robe de lin sans tache des catechumenes; non que le dogme
chretien, comme on l'a pretendu, soit tout plato
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