refuser;
et quand on les aurait acceptees, la mort du soudan, qui arriva dans ce
temps-la, y aurait fait naitre de nouveaux obstacles.
Cette mort, comme il l'avait fort recommande, fut tenue secrete, pour
donner le temps a son fils Almoadan, qui etait en Mesopotamie, de venir
prendre possession de ses etats. Il mit meme entre les mains de deux
de ses ministres, auxquels il se fiait le plus, un grand nombre de
blancs-signes, afin d'envoyer partout des ordres sous son nom jusqu'a
l'arrivee de son fils. Il chargea du gouvernement Secedum Facardin,
general de son armee. Cet homme passait pour le plus vaillant et le plus
sage de l'Egypte, et l'empereur Frederic, dans son voyage de Palestine,
et apres la treve qu'il conclut avec les Mahometans, l'avait fait
chevalier; honneur dont ce general faisait tant de cas, que dans ses
bannieres il portait les armoiries de Frederic avec celles du soudan
d'Alep et celles du soudan d'Egypte.
Facardin justifia, par sa conduite, le choix que son maitre avait fait
de lui dans des conjonctures si delicates. Il tenait sans cesse l'armee
des chretiens en haleine; et tandis qu'avec le gros de ses troupes il
demeurait toujours en etat de s'opposer a leur passage, il envoyait
continuellement des detachemens auxquels il faisait passer la riviere
par de petites places dont il etait le maitre, pour insulter leur camp
sur les derrieres, et enlever les convois qui venaient de Damiette.
Un de ces detachemens s'etant avance, le jour de Noel, jusque pres du
camp, enleva tout ce qui se trouva dehors, et forca ensuite un quartier.
Le sire de Joinville, qui en fut averti, monta promptement a cheval avec
le seigueur Pierre d'Avalon, et, soutenu par des chevaliers du Temple,
il repoussa les Sarrasins, et delivra les seigneurs Perron et Duval,
deux freres, qu'ils emmenaient prisonniers.
Le roi, pour plus grande surete, fit rapprocher les quartiers les uns
des autres, et donna moins d'etendue a son camp. Il se chargea lui-meme,
avec son frere le comte d'Anjou, de la garde des retranchemens opposes
au camp des ennemis; confia au comte de Poitiers et au sire de
Joinville, celle des lignes du cote de Damiette: le comte d'Artois eut
celle du parc des machines de guerre. Facardin, quelques jours apres,
s'etant mis a la tete d'un gros detachement, parut en bataille, entre
Damiette et le camp des croises, a dessein de l'insulter. Le comte
d'Anjou, s'etant trouve a cet endroit, sortit au-devant des ennemis,
dont
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