e: ce ne sera qu'une generation
sacrifiee a la perpetuite du pays); puissant parfois et vigoureux et
alors gloire dans la nation et elan nouveau vers l'avenir; mais toujours
conservateur du pays, en ce qu'il en est la perpetuite, et parce qu'un
pays n'est autre chose qu'un etre perpetuel et fidele a sa propre
eternite.--Cette conception est absolument inconnue de Voltaire; il est
monarchiste sans etre dynastique, il est monarchiste sans etre patriote,
d'ou il suit qu'il n'est monarchiste que par instinct banal de
conservation. Il est si peu monarchiste dans le sens profond du mot
qu'il change de roi; il est si peu patriote qu'il change de patrie. Son
indifference pour le pays dont il est, est telle qu'elle a etonne meme
ses contemporains. Elle est telle qu'elle le rend inintelligent meme
au point de vue pratique, ce qui peut surprendre. Agrandissement de la
Prusse, debordement de la Russie, suppression de la Pologne, les Russes
a Constantinople, voila sa politique exterieure, cent fois exposee.
C'est toujours la France amoindrie qu'il semble rever.--Ce n'est
pas qu'il lui en veuille precisement. Il n'en tient pas compte. Que
d'enormes monarchies, qui ne risquent pas d'etre catholiques et qu'il
espere naivement qui seront "philosophiques", se forment dans le
monde, il lui suffit. C'est le plus remarquable cas, non de colere
blasphematrice contre la patrie, ce qui serait plus decent, mais
d'indifference a l'endroit du pays, qui se soit vu.
Antidemocrate, il l'est, sans etre patricien. Ce n'est pas le mepris du
peuple qui fait le vrai aristocrate, c'est la certitude que le peuple
est incapable de gouverner ses affaires, et que, par consequent, il faut
se devouer a lui. Voltaire a le mepris sans avoir le devouement. Il n'a
que la plus mauvaise moitie de l'aristocrate. Il veut tenir la foule
dans l'ignorance et l'impuissance, et c'est un systeme qui peut se
defendre; mais il ne tient a aucune aristocratie eclairee, organisee et
pouvant quelque chose dans l'Etat, de quoi etant adversaire, il devrait
etre democrate; et Rousseau est plus logique que lui. Mais tout ce qui
n'est pas monarchie pure, et que ce soit democratie, ou aristocratie, ou
gouvernement mixte, lui est antipathique. On s'attendrait, puisqu'il est
si personnel, et puisque c'est notre ridicule a tous de tenir pour le
meilleur l'etat ou nous serions les personnages les plus considerables,
qu'il revat une aristocratie philosophique et un gouvernement des
"hautes
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