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d'autres, que se rattache toute sa philosophie. Ne croyez pas que, quand
il passe de l'optimisme au pessimisme, il devienne si different de
lui-meme. Il reste au fond identique a soi. Optimiste il l'est a la
facon d'un homme du XVIIe siecle, et avec, les arguments de Fenelon.
Voyez-vous ces montagnes comme elles sont bien disposees pour la
repartition des eaux en vue de la plus grande commodite l'homme[67]...
(Voir dans Fenelon la premiere partie du _Traite sur l'existence de
Dieu_.) Un monde cree pour l'homme, un Dieu pour creer et organiser le
monde au profit de l'homme, l'homme centre du monde et but de Dieu,
donc sa cause finale, donc sa raison d'etre, voila l'univers. Pour un
contempteur de la Bible, en n'est pas de beaucoup depasser la Bible.
[Note 67: _Dissertation sur les changements arrives dans notre
globe_.]
Et quand il est pessimiste, c'est le meme systeme a l'inverse, mais le
meme systeme. C'est un pessimisme d'opposition dynastique. Il consiste
a accuser Dieu de n'avoir pas atteint son but. "Vous avez cree l'homme,
comme c'etait votre devoir. Mais vous n'avez pas assez fait pour
l'homme. Il se trouve insuffisamment bien. Il n'a pas lieu d'etre
content de vous. Au moins il faudra reparer. Vous lui devez quelque
chose."--Double aspect de la meme idee, optimisme ou pessimisme
anthropomorphique, dans les deux cas proclamation des droits de l'homme
sur le createur; croyance a Dieu, si vous voulez; creance sur Dieu
serait, je crois, mieux dit.
Tout son "cause-finalisme", auquel il tient tant, se ramene a cela.
Il est le sentiment energique qu'un immense effort des choses a ete
accompli pour nous contenter ou pour nous plaire; qu'il a atteint
quelquefois ce but si considerable; que le monde est a peu pres digne de
nous; que pour cette raison nous devons le trouver intelligent, que le
monde reconnu intelligent s'appelle Dieu.--Mais aussi cet universel
effort n'a pas laisse d'etre maladroit; nous mesurons ses maladresses a
nos souffrances et les lacunes du monde a nos deceptions; nous trouvons
l'univers habitable, mais defectueux, donc intelligent mais capricieux
ou etourdi, et sans refuser notre approbation, nous retenons quelque
chose de notre respect.--Comme le paganisme est bien le fond ancien et
toujours pret a reparaitre de la theologie humaine, et comme c'est bien
la religion vraie des hommes, meme tres intelligents, quand on creuse un
peu, qu'un commerce familier avec la divinite, dans lequel o
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