que, du chateau et des fermes, et par consequent s'interessait a
ce qui pouvait arriver de bon ou de mauvais aux proprietaires actuels ou
futurs de ce chateau et de ses terres.
C'etait a Noiseau que madame Haupois-Daguillon s'etait mariee; c'etait
dans le cimetiere de Noiseau que ses peres etaient enterres; enfin
c'etait sur les registres de Noiseau qu'avaient ete inscrits les actes
de naissance et de bapteme de Camille et de Leon, nes l'un et l'autre au
chateau.
Dans sa lettre d'un style vraiment ecclesiastique, c'est-a-dire aussi
peu clair et aussi peu precis que possible, le cure de Noiseau croyait
devoir prevenir "sa bonne dame madame Haupois-Daguillon" qu'une personne
fort elegante de toilette, et tout a fait bien dans sa tenue, etait
ventre lui demander l'extrait de naissance de M. Leon Haupois-Daguillon.
Il savait d'une facon indirecte, mais certaine cependant, qu'a la mairie
la meme personne avait aussi demande une copie legalisee de l'acte de
naissance de M. Leon. Il ne lui appartenait pas de scruter les
intentions de cette personne, qui d'ailleurs lui avait laisse une
offrande pour les pauvres de la paroisse et pour l'entretien de la
chapelle de la tres sainte Vierge, mais il croyait neanmoins de son
devoir de porter cette demande a la connaissance "de sa bonne dame
madame Haupois-Daguillon", afin que celle-ci prit les mesures que la
prudence conseillerait, si toutefois il y avait des mesures a prendre,
ce que lui ignorait et ne cherchait meme pas a savoir. Il regrettait
bien de ne pouvoir donner ni le nom, ni l'adresse de la personne en
question; mais cette personne, qui avait quelque chose de mysterieux
dans les allures, etait venue elle-meme commander et prendre ces actes,
de sorte qu'il avait ete impossible, malgre certaines avances faites a
ce sujet, d'obtenir d'elle ce nom et cette adresse: c'etait meme la
reserve dont elle avait paru vouloir s'envelopper qui avait donne a
penser au cure de Noiseau que "sa bonne dame madame Haupois-Daguillon"
devait etre avertie.
Il n'avait pas fallu de grands efforts d'imagination a M. et a madame
Haupois Daguillon pour comprendre que "cette personne fort elegante de
toilette, tout a fait bien dans sa tenue et qui paraissait vouloir
s'envelopper dans une reserve mysterieuse," n'etait autre que Cara et
ils avaient compris aussi que le moment etait venu d'agir energiquement
et de se defendre: si l'on se trompait une premiere fois, on
recommencerait une seconde, une
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