as voulu
de vous il y a trois ans, chere enfant, que leur orgueil a refuse ce
mariage, mais depuis cet orgueil a ete cruellement humilie; ils ont
pendant ces trois ans durement expie leur faute, et aujourd'hui c'est en
leur nom que je parle; voulez-vous accepter Leon pour votre mari? Je
vous l'ai deja dit, laissez-moi vous le repeter, c'est son honneur qui
est en jeu, c'est sa vie, c'est celle de ses parents.
Byasson se tut; mais, au lieu de repondre, Madeleine ne balbutia que
quelques paroles a peu pres inintelligibles; alors il reprit:
--Je comprends votre trouble, mon enfant; vos inquietudes, vos
angoisses, vos doutes, je les sens. J'admets tres-bien qu'avant de me
repondre, vous vous demandiez si celui que je vous propose pour mari est
toujours digne de vous. Jamais craintes n'ont ete mieux justifiees que
les votres. Avant de vous engager, vous avez raison de vouloir voir; je
serais le premier a vous donner ce conseil. Aussi n'est-ce point un
engagement immediat et definitif que j'attends de vous; ce n'est pas le
oui sacramentel qu'on prononce a la mairie, c'est seulement, et pour le
moment, votre aide et votre concours; voyez Leon, voyez-le, sachant a
l'avance le danger qu'il court et comment il peut etre sauve, puis
ensuite vous deciderez dans votre conscience et dans votre coeur, mon
enfant.
--Mais je ne suis pas libre.
Ce mot abattit instantanement toutes les combinaisons de Byasson.
--Votre coeur ... dit-il.
--Ce n'est pas de mon coeur que je parle, repondit-elle avec un sourire
desole, c'est de ma vie qui ne m'appartient pas, et qui, pour neuf
annees encore, est a celui qui a paye mon education musicale.
Byasson respira.
--Si ce n'est que cela qui vous retient, dit-il gaiement, quittez ce
souci; ce contrat qui vous lie a votre entrepreneur se deliera avec de
l'argent, et il est juste que mes amis, qui n'ont pas voulu de vous
parce que vous n'aviez pas d'argent, soient en fin de compte, punis par
l'argent.
--Mais j'appartiens au theatre. Si lorsque j'ai embrasse cette carriere
je n'etais pas poussee par une irresistible vocation, cette vocation est
venue, je suis une artiste, j'aime mon art.
--Ah! je sais que c'est un sacrifice que je vous demande, et je ne viens
pas vous eblouir de la fortune que vous trouverez dans ce mariage; c'est
le langage du sentiment et du coeur que je vous parle, celui-la seul et
non un autre. Avez-vous eu..., je ne dirai pas de l'amour pour Leon, ce
n'est pas mo
|